La lanceuse de couteaux
Auteur : Eve Borelli Éditeur : CHARLESTON (20/03/2018)
269 pages
Résumé :
Cette histoire, c'est l'histoire de Siloé, qui ne voit plus la magie du cirque dans lequel elle a grandi et le quitte pour de mauvaises raisons mais qui, en chemin, apprendra à faire ses propres choix et à définir ses envies personnelles. C'est l'histoire d'une indépendance progressive, piquée d'embûches, d'amitié et d'amour.
Siloé est orpheline de mère et vit dans le cirque familial, entourée par toute une galerie de personnages atypiques. Mais la jeune fille rêve d'être lanceuse de couteaux, ce que son père lui refuse obstinément. La voilà donc qui décide de rallier un cirque concurrent pour enfin essayer de faire ses preuves… Mais elle est loin d'imaginer les épreuves qui l'attendent !
Avis :
La lanceuse de couteaux dormait dans ma bibliothèque depuis 2 ans et la RARE Paris 2019 au cours de laquelle j'avais rencontré l'auteure. C'est, encore une fois, le challenge #BookLanta auquel je participe qui me l'a fait sortir, pour une lecture commune avec Auré (même si je l'ai terminé trop tard pour qu'il puisse compter).
C'est un roman court, à la plume immersive que j'ai lu progressivement pour les besoins de ma lecture commune. J'ai donc mis presque trois semaines à le terminer, de quoi bien me laisser le temps de cogiter.
Eve Borelli arrive parfaitement à retranscrire les pensées et sentiments de Siloé, à en faire un personnage à part. D'une petite fille, peut-être un peu gâtée, aux relations difficiles avec son père, désireuse d'autre chose que ce qu'elle connait déjà par cœur, elle devient une toute autre personne.
J'ai beaucoup aimé l'univers du cirque, les spectacles et le contraste entre les deux cirques au sein desquels évolue Siloé. D'un côté le cirque un peu vieillot, dont les numéros commencent à être à bout de souffle mais au cœur duquel chacun a sa place, son mot à dire, au cœur duquel règne une ambiance conviviale, chaleureuse, familiale. De l'autre, le cirque nouvelle génération, avec son matériel de pointe, son spectacle à sensation et son ambiance froide et misogyne, ces réunions auxquelles seuls les hommes sont conviés pendant que les femmes les attendent, cet esprit de jalousie, cette hiérarchisation, ces personnes qui n'osent pas dire ce qu'elles pensent et se retrouvent soumise au bon vouloir des "chefs". Si pour nous le choix est vite fait, on comprend le dilemme de Siloé, son besoin de faire ses preuves, mais aussi sa honte de revenir vers les siens après les avoir quitté sur un coup de tête.
C'est l'impulsivité de Siloé, son côté immature, celui qui lui fait vouloir quelque chose qu'elle n'a pas, et abandonner le soutien et l'amour dont elle est entourée qui m'a dérangée. Ça, et le fait qu'elle suive un parfait inconnu sur un coup de tête. Certes, ledit inconnu est charmeur et prévenant et, à l'instar de Siloé, il trompe bien le lecteur, mais c'est tout un même un choix risqué et irréfléchi. Choix, qui nous permet de comprendre à quel point elle étouffait dans sa vie, et à quel point elle se sentait impuissante à changer les choses.
Dans ce roman, il y a principalement deux garçons :
Bowie, le frère de cœur, celui qui a grandit aux côté de Siloé, qui la comprend, la rassure. Leur relation fusionnelle ne semble pas ambigüe, même si Bowie ne cesse de lui déclarer sa flamme de façon directe et parfois un peu lourde. C'est un personnage que j'ai beaucoup aimé; un soutien qui ne presse pas et laisse l'autre avancer à son rythme, un garçon passionné qui ne s'oublie pas en chemin.
Rafaël est un personnage très difficile à cerner. On pense, dans un premier temps, qu'il cache une blessure qui le rend taciturne. Puis, petit à petit, on comprend ce qu'il cache réellement. On comprend, et on rage de ne pas voir Siloé réagir. Eve Borelli traite avec justesse, je pense, le calvaire et les excuses de la jeune-femme qui a fini par être complétement coupée des siens. Alors que le piège se referme sur elle, elle peut tout de même compter sur quelques soutiens; mais il est bien connu que pour se faire aider, il faut d'abord être prêt à recevoir de l'aide. Le séjour de Siloé au sein du Cirque Sanglant a été assez difficile à supporter pour moi. Non que l'écriture soit mauvaise, mais le sujet dur.
Que j'ai aimé découvrir la solaire Charlotte, sa bonne humeur et sa grande bonté. Un phare pour Siloé qui a tant besoin de se retrouver, et qui ressort, malgré tout, grandie des épreuves qu'elle a traversée.
Eve Borelli aura eu le mérite de me bousculer, même si au final, je ne sais pas dire si j'ai aimé ou non son roman dont la conclusion est pleine d'espoir - j'ai particulièrement aimé voir l'évolution de la relation de Siloé et son père.
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