La vie réserve des surprises
Auteur : Caroline Boudet Éditeur : Le Livre de Poche (15/02/2017)
247 pages
Résumé :
Elle, c’est ma fille. Louise. Qui a quatre mois, deux bras, deux jambes, des bonnes grosses joues et un chromosome en plus. S’il vous plaît, quand vous rencontrez une Louise, ne demandez pas à sa mère : « Ça n’a pas été dépisté pendant la grossesse ? » Soit ça l’a été et la décision de « garder l’enfant » est assumée, soit ça ne l’a pas été et la surprise a été assez importante pour ne pas revenir dessus. Ne dites pas à sa mère: « C’est votre bébé malgré tout ». Non, c’est mon bébé, point.
C. B.
C'est l'histoire, émouvante et souvent drôle, du chemin parcouru par une jeune femme bien ancrée dans sa supposée normalité, et dont la petite fille vient faire exploser les certitudes et les horizons. Une véritable ode à la différence.
On devrait tous avoir le regard d'un enfant de quatre ans.
Avis :
J'ai découvert Caroline Boudet (et Louise), au détour d'une page Facebook, il y a maintenant plusieurs années. J'ai suivi, de loin, l'évolution de cette petite Louise si pleine de vie et si souriante et, lorsque j'ai appris que Caroline sortait un roman, je me suis empressée de l'acheter.
Pourtant, depuis, il dort dans ma bibliothèque; et il aura fallu que je participe à mon premier challenge, que je sois défiée de lire un livre dans l'auteure a les même initiales que moi, pour le sortir.
La vie réserve des surprises n'est, comme l'annonce d'emblée l'auteure, ni un guide pédiatrique, ni une biographie détaillée; ce sont quelques centaines de pages qui nous font voir la différence sous un autre angle, quelques pages pleines de tendresse, mais aussi de détresse et d'incertitude. Le parcours d'une mère (principalement) qui, comme toutes les mères angoisse pour son enfant, se pose beaucoup de questions, culpabilise pour des choses dont elle n'est pas responsable. La seule différence entre cette mère et moi, c'est que son enfant est porteuse de trisomie 21, qu'elle n'a été dépistée qu'à la naissance et que le chemin qu'elle a à parcourir se trouve semé d'embuches.
Une chose est sûre : Caroline Boudet a l'art et la manière de raconter les choses. Sa plume et surtout ses mots nous touchent, nous saisissent et ne nous lâchent plus. On perçoit, tour à tour, sa détresse, son impuissance, sa peine mais surtout son amour immense pour son enfant, son envie de se battre et de faire changer les choses, évoluer le regard des gens sur le handicap, pour que Louise trouve une place.
Parfois, on ne comprend pas les choses sans les avoir vécues; parfois, on a des mots malheureux, sans le vouloir, mais des mots qui peuvent blesser une personne qui a déjà beaucoup à supporter, à accepter. Nous avons peur de ce que nous ne connaissons pas, et plus encore de la différence. Pourtant, et c'est ce que Caroline Boudet nous montre, il suffit de la voir, cette différence, mais de s'en ficher. C'est ce que je souhaite apprendre à mes enfants.
Caroline Boudet nous dresse une description à la fois alarmante et drôle du système administratif. Notamment tout l'aspect médical. Elle manie le sarcasme avec style et maîtrise l'attente du Docteur haut la main. J'avoue avoir déjà été perdue dans les démarches à suivre, et ne peut qu'imaginer ce que ce doit être pour un enfant qui besoin de soins et d'examens réguliers. Attention, elle ne jette la pierre à personne, se contentant de parler de ces moments où elle a failli perdre patience, des réponses qu'elle aurait eu envie de faire et qu'elle a retenues. Elle remercie aussi ces blouses blanches (ou roses, ou peut importe la couleur) qui lui ont été, parfois d'un grand secours, d'un grand soutien.
La vie réserve des surprises, c'est le cri du cœur d'un maman qui doit faire face à l'inattendu, d'une maman qui va beaucoup apprendre au contact de sa fille, d'une maman qui poste un jour un message sur Facebook et se retrouve au centre de l'attention médiatique, d'une maman qui a une fille. Une fille qui s'appelle Louise. D'une maman qui m'a émue, dont les mots ont trouvé, sans mal aucun, le chemin de mon cœur, allant parfois, jusqu'à rendre mes yeux mouillés de tout ce qu'elle m'a fait ressentir.
Hâte de le voir, ce fameux docteur. C'est un peu comme Voldemort dans Harry Potter: tout le monde en parle, mais personne ne sait ni où ni quand il peut apparaitre.
Finalement, c'est toujours Louise qui m'a soignée de sa trisomie.
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