La Voix de la vengeance
Auteur : Sacha Morage
Éditeur : EDITIONS PLUME BLANCHE (05/03/2024)
403 pages
Résumé :
Vaelle a tout perdu.
Son frère d’abord, égorgé sous ses yeux. Son futur ensuite, puisqu’elle est désormais traquée par le puissant Bureau pour usage illégal de sa Voix.
Il ne lui reste qu’une chose : la vengeance. Elle se le promet : elle tuera Yervain, le membre du Bureau responsable du meurtre de son frère. Quel qu’en soit le prix. Peu importe les conséquences.
Son obsession pour Yervain l’entraîne de plus en plus loin, dans des sacrifices de plus en plus sanglants, et des ténèbres de plus en plus obscures. Jusqu’au point de non-retour.
Avis :
C'est avec de grandes attentes que j'ai commencé La Voix de la vengeance car on m'en avait vanté les mérites. Une fois n'est pas coutume, je n'avais pas lu (ou il y a très longtemps) le résumé au préalable et ai plongé à l'aveugle dans l'univers de Sacha Morage.
Mes attentes ont-elles été comblées ? Difficile à dire, mais deux choses sont sûres :
🗡 son univers est génial, à tel point que l'on regrette presque de ne pas le découvrir d'avantage.
🗡 je ne suis pas ressortie indemne de ma lecture.
L'intrigue de La Voix de la vengeance est extrêmement dérangeante. Le titre annonce la couleur, on sait où on met les pieds : il s'agit d'une histoire de vengeance. Et qui dit vengeance dit déraison. Le résumé l'explique d'ailleurs : "dans des sacrifices de plus en plus sanglants, et des ténèbres de plus en plus obscures. Jusqu’au point de non-retour.". L'autrice retranscrit remarquablement bien ce qu'il se passe dans la tête de Vaelle. Je dois d'ailleurs vous avouer que j'ai conservé une boule dans le ventre durant la quasi-totalité de ma lecture. L'appréhension, mais aussi l'incompréhension. Peut-on comprendre la vengeance de quelqu'un d'autre ? je n'en suis pas certaine. D'ailleurs, Vaelle semble plus d'une fois perdre la sienne de vue, s'y rattachant désespérément pour tenter de justifier ces actes. Au final, je ne sais pas si le lecteur sait ce qu'elle ressent réellement ni quelle est la réelle raison de ces choix. Tout peut-il être permis pour arriver à ses fins ? Même faire "pire" que ce que l'on reproche à l'autre ?
Vaelle est un personnage très complexe. Tout à l'amour inconditionnel qu'elle voue à son frère, le voir périr brutalement sans rien pouvoir y faire puis voir ce crime impuni agissent comme catalyseur sur sa psychée. La jeune-fille craintive et effacée, celle qui n'a pas pu esquisser le moindre geste pour sauver son frère va devenir une machine. Mensonge, manipulation. Vaelle va passer maitre dans l'art de se servir des autres pour parvenir à ses fins, gardant en ligne de mire l'objet de sa vengeance et regrettant parfois ses actions, non pas pour le mal qu'elles ont causé, mais parce que celles-ci pourraient lui nuire. Je n'arrive pas à savoir ce que je ressens pour la jeune-fille. Autant j'ai prié tout au long du récit pour qu'il ne lui arrive rien, redoutant le pire à chaque nouvelle décision risquée, autant je l'ai jugé égoïste, comprenant de moins en moins sa manière de faire, allant jusqu'à la trouver pathétique et mesquine. La plupart des personnages sont difficilement cernables, tous cachant une face plus sombre, tous capables de se retourner contre plus faible. Tous sauf Letrez peut-être. Ce pauvre Letrez.
Sacha Morage décrit bien le sentiment d'injustice qui nous anime lorsque le petit peuple se retrouve face au puissant : sans marge de manœuvre, sans justice, sans aucune égalité des chances. Il faut devenir soi-même le puissant, quitte à écraser les autres pour ne plus subir. C'est la nature humaine dans sa plus extrême noirceur et, encore une fois, ça dérange.
L'autrice remue donc beaucoup de choses. Son écriture sonne juste puisqu'elle résonne. Son histoire nous dépasse. Nous réduit à la simple version de Vaelle, et à sa vision étriquée par la vengeance, par le sentiment d'impuissance qui l'étreint. Vraiment, en ressassant tout ça et en y posant les mots, je me rends compte comme ça bouillonne en moi. Oui, La Voix de la vengeance chamboule. On comprend ou non. On chercher à comprendre en tous les cas. Mais s'il faut dire si l'on a "aimé" ou non, l'exercice est plus compliqué. Au fond, je n'ai pas vraiment aimé cette histoire, elle est sombre, immorale, sans réelle lueur d'espoir. Mais la manière dont elle est racontée et la révolte qu'elle réveille… c'est une autre histoire.
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