top of page
Photo du rédacteurClem

Le code rose - Kate Quinn

Le code rose

Auteur : Kate Quinn Editeur : HAUTEVILLE (17/08/2022)

703 pages


Résumé :

1940. Alors que l'Angleterre se prépare à combattre les nazis, trois femmes très différentes répondent à l'appel d'un mystérieux domaine, Bletchley Park, où les cerveaux les plus brillants de Grande-Bretagne sont formés à casser les codes de l'armée allemande. La pétulante et belle débutante, Osla ; l'impérieuse et autodidacte Mab, et enfin, la vieille fille du village, Beth. Mais la guerre, le deuil et une sombre trahison sépareront les trois amies désormais ennemies… jusqu'à ce qu'elles soient de nouveau réunies, quelques années plus tard, par une mystérieuse lettre codée. Un traître émerge des ombres de leur passé, forçant les trois jeunes femmes à renouer leur vieille alliance pour casser un dernier code. Mais chaque pétale qu'elles effeuillent du Code Rose les rapproche du danger et de leur véritable ennemi…


Avis :

Encore une nouveauté de la rentrée littéraire que j'ai pu découvrir grâce au club des lecteurs Cultura. Une belle petite brique qui m'a embarquée dans un temps, pas si reculé que cela, et m'a permis d'explorer l'univers des casseuses de codes britanniques, durant la seconde guerre mondiale.

Par où commencer ? Ce qui m'a vraiment séduite dans ce roman, c'est l'aspect historique des faits : comme l'auteure l'explique plus en détail dans la note en fin du livre, si certains personnages sont fictifs, beaucoup sont inspirés d'une, voire deux personnes ayant réellement existé. Les lieux décrits, notamment Bletchey Park (BP), ont effectivement été des lieux de grande importance durant la guerre, classés top secrets. Après avoir vu The Crown, j'ai apprécié retrouver ici le prince Philip, encore Philip De Grèce, à l'époque, qui est l'un des personnages récurrents et j'ai particulièrement aimé les passages le concernant. Si, durant ma lecture, je me suis demandée quelle était la frontière entre fiction et réalité, l'auteure lève le voile en le détaillant dans ses notes.

Le code rose est un beau pavé, qui comporte, peut-être, quelques longueurs par moment, mais il n'en demeure pas moins passionnant. Non seulement il nous permet de découvrir un aspect très particulier des défenses britanniques durant la seconde guerre mondiale, en nous donnant accès à l'organisation de BP, mais en plus, avec la présence d'un traite et d'un compte à rebours, Kate Quinn maintient l'attention de son lecteur en attisant sa curiosité.

Mab(el) Churt, Os(la) Kendall et Beth(an) Finch sont trois héroïnes qui n'ont rien en commun, si ce n'est de travailler à l'effort de guerre au sein de BP, tout en ayant juré le secret sous peine de représailles. Cet aspect secret défense est récurrent et il est admirable de voir à quel point tout le monde est dévoué à son pays. Combien de fois j'aurais eu envie de rompre le secret ! Ces hommes qui ont interdiction de s'engager par peur d'être pris par l'ennemi et de révéler les secrets d'état, qui se font insulter parce qu'ils sont jeunes, en bonne santé et ne portent pas l'uniforme. Ces décisions que l'ont doit prendre, parfois à l'encontre de notre conscience. Ces liens que l'ont doit rompre pour le bien du pays, mais pour notre malheur à nous. La dévotion de ces hommes et femmes, leur bravoure et implication sont admirables, et cela, Kate Quinn le retranscrit très bien.

Le roman se déroule sur deux temporalité : des chapitres à partir de 1939 et durant la durée de la guerre, d'autres, en 1947, dans un décompte des jours avant le mariage royal. Dans un premier temps, nous suivons Osla qui reçoit un message codé et prend contact avec l'une de ses anciennes amies, pour parler de la troisième. Durant une bonne partie du roman, le lecteur ignore qui de Mab ou Beth est à l'origine du message, mais il comprend que des choses terribles ont eu lieu, menant à une situation dans laquelle les trois amies sont brouillées.

J'ai beaucoup aimé l'amitié qui se crée entre ces trois femmes d'origines et caractères totalement différents, unies dans un même but. Même si elles sont aussi intransigeantes et difficiles à comprendre qu'elles sont engagées envers leur pays. Chacune a un caractère affirmé (ou en tout cas qui s'affirme au fil des pages) et un objectif à atteindre: Osla ne veut plus être la stupide débutante, elle se cache derrière son humour et son affabilité pour masquer ses blessures, Mabel travaille dur pour avoir une situation et assurer un bel avenir à sa petite sœur, elle a une volonté de fer née d'un évènement traumatique de son passé et Beth a une façon de penser pas toujours compréhensible; alors que son cerveau ne fonctionne pas comme celui de tout le monde, elle a une facilité déconcertante à casser les codes mais peine à comprendre ceux de la vie en société. Des personnages atypiques, défaillants bien souvent, ce qui les rend d'autant plus humains. On s'attache à ces femmes et on appréhende de découvrir ce qui les a amenées à la situation de 1947.

C'est un roman dur. Il parle de la guerre, dans toute son horreur : les bombardement de civils, les lourdes pertes humaines, la pression qui porte sur ces casseurs de codes, dont les décryptages vont permettre de mettre en œuvre les plans de bataille. Le traumatisme qui en ressort, mais aussi les personnes qui craquent, et se retrouvent, parfois, internées. Mais il parle aussi de la solidarité qui existe entre eux, la grande famille qu'ils forment, les loisirs auxquels ils s'adonnent comme le club littéraire fondé par les héroïnes.

L'auteure nous dévoile l'existence des machines Enigma, retors, bombes ou tout autre matériel destiné à craquer les codes de l'ennemis. Des explications détaillées mais accessibles qui, loin de nous noyer ou de nous perdre, nous permettent de nous faire une idée du travail quotidien effectué à BP.

La code rose évoque les "asiles" dans lesquels étaient enfermés les personnes dépressives, les casseurs de code ayant cédé à la pression (mais aussi les femmes, principalement, que l'on souhaitait éloigner d'un héritage ou tout simplement dont un mari ne voulait plus), et de leurs techniques barbares. J'avais déjà eu un aperçu de ce genre de pratiques dans Lullaby de Cécile Guillot; ici, Kate Quinn dépeint les conditions inhumaines dans lesquelles sont traités les patients, et de la nouvelle pratique en vogue : la lobotomie.

Malgré les années difficiles et la douleur qui y est associé, BP reste gravé dans le cœur de tous ceux qui y ont travaillé (dans le roman en tout cas). Et si, ceux qui ont hanté ses allées durant les années de guerre ont très longtemps gardé le secret, au sein même de leur mariage, les lieux sont désormais ouverts au public, en mémoire de tous ces patriotes. Si j'en ai l'occasion, il me plairait de pouvoir les visiter.

Un roman véritablement marquant.

Posts récents

Voir tout

Comments


bottom of page