Les derniers romantiques
Auteur : Tara Conklin Éditeur : L'ARCHIPEL (22/10/2020)
338 pages
Résumé : Dans un monde en proie au dérèglement climatique, Fiona Skinner, 102 ans, poétesse de renom, vient de donner sa première lecture publique depuis vingt-cinq ans quand une jeune femme se lève dans l’auditorium. Elle lui dit s’appeler Luna. Luna. Une apparition fantomatique… Un prénom surgi du passé… Alors Fiona se souvient. Au cours de l’été 1981, Reine, Caroline, Joe et Fiona Skinner perdent leur père. Puis assistent, impuissants, à la dérive de leur mère. Âgés de 12 à 4 ans et livrés à eux-mêmes, ils ne sortiront pas indemnes, mais soudés à jamais, de cet été là – qu’ils appelleront par la suite La Grande Parenthèse. Vingt ans plus tard, surviendra une nouvelle tragédie familiale…
Avis :
J'ai eu le privilège de compter parmi les partenaires des éditions de l'Archipel durant cette année 2020. Une année riche en découverte, que je clôture avec une lecture Archipel, ma dernière lecture de décembre étant Les derniers romantiques de Tara Conklin.
Une parution du dernier semestre que j'avais repéré, tout en en redoutant un peu la lecture, à cause des sujets évoqués : famille, deuil et rétrospective.
Je me suis donc lancée dans cette lecture sans trop savoir ce que j'allais découvrir derrière cette couverture épurée. Les derniers romantiques est un roman assez dense, dont le titre fait écho au blog tenu par la narratrice (Fiona, 102 ans), dans sa jeunesse. Etrangement, ce n'est pas tant autour d'elle que se construit le récit, mais plutôt autour du seul frère de la famille, Joe.
Les chapitres sont longs (18 chapitres pour 338 pages) et comportent beaucoup de descriptions, que ce soit des paysages, des sentiments ou des questions existentielles que se posent alternativement les personnages. Nous côtoyons, le temps d'une vie, Fiona, de 4 à 102 ans, et sa famille : Reine et Caroline, ses sœurs ainées, Joe, son frère et Noni, leur mère. Le récit se décompose en 4 grandes parties, chacune introduite par une incursion dans le futur (pour nous) puisque c'est à l'occasion d'une conférence donnée par Fiona en 2079, qu'elle revient sur son enfance à partir des années 80. J'ai beaucoup aimé avoir cette vision d'un futur inventé par l'auteure, qui semble assez cohérente (pour le peu qu'on en voit) avec une évolution du monde dans les conditions actuelles: catastrophes climatiques, coupures de courant intempestives dues à une surexploitation de la Terre… Mais là n'est pas le sujet principal.
Le sujet principal réside dans cette analyse que nous livre Fiona, des évènements, des actions et des choix de chaque membre de sa famille. La vision tronquée qu'une petite fille a de son grand frère, son héro; les œillères que nous nous mettons parfois, préférant ignorer les choses qui nous arrangent. L'impact du deuil sur un individu, une famille entière; les liens qui unissent les membres de cette famille, et la recherche incessante du bonheur. Et si ? Et si on avait ouvert les yeux, si on avait écouté, si on avait décelé quelque chose plus tôt ?
Tara Conklin nous décortique, nous expose sans tabou, la vie de la famille Skinner, les épreuves qu'elle traverse et la façon dont elle s'en relève. Ce livre est profondément humain, de la vision de la petite fille, aux responsabilités qui pèsent, trop tôt, sur l'aînée… Chacun est marqué d'une manière différente et chacun réagit, construit son futur en conséquence. En se lançant à corps perdu dans les études pour Reine, ou en fondant une famille pour Caroline.
De réussite en déchéance, l'auteure nous dresse le portait d'hommes et de femmes qui évoluent à notre époque, qui sont confrontés à des situations que nous avons nous même pu vivre, qui ont parfois du mal à communiquer. Une fresque un peu dérangeante car si vraie, avec une narratrice que je n'ai pas toujours su apprécier, mais qui murit au fil des pages. Des mots qui font réfléchir sur le sens de la vie, du destin, qui mettre en exergue le fait que tout peut s'effondrer du jour au lendemain (et c'est particulièrement vrai dans le parcours de Joe)…
Ce fut pourtant une lecture quelque peu mitigée, une lecture qu'il vaut mieux savourer, découvrir morceau par morceau, pour la digérer, lui laisser le temps de faire son chemin. J'y ai trouvé des longueurs, ne sachant pas toujours vers où voulait aller l'auteure, restant un peu sur ma faim à ce qui concerne cette Luna. Si les Skinner m'ont accompagnés durant mes heures de lectures, je n'en garderai probablement pas un souvenir impérissable.
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