Les guerriers de l'hiver
Auteur : Olivier Norek
Editeur : MICHEL LAFON (29/08/2024)
448 pages
Résumé :
Imaginez un pays minuscule.
Imaginez-en un autre, gigantesque.
Imaginez maintenant qu’ils s’affrontent.
Au cœur du plus mordant de ses hivers, au cœur de la guerre la plus meurtrière de son histoire, un peuple se dresse contre l’ennemi, et parmi ses soldats naît une légende.
La légende de Simo, la Mort Blanche.
Avis :
C’est encore une fois grâce au Comité de lecture Cultura que j’ai pu découvrir cette nouveauté de la rentrée littéraire 2024 ; pas de couverture, pas vraiment de résumé non plus, mais un nom : celui d’Olivier Norek. Dans un premier temps surprise de découvrir un roman policier en rentrée littéraire, je me suis vite rendue compte que l’auteur nous livrait ici quelque chose de totalement différent de ce qu’il a écrit jusqu’à présent. Totalement différent mais toujours aussi documenté, toujours aussi passionné et passionnant. Olivier Norek s’est plongé dans le passé, en Finlande, pour nous confier l’histoire de Simo Häyhä, surnommé La Mort Blanche, comme il a été surnommé. Comme il le précise en fin de roman, rien n’est exagéré, tout est exact, certains dialogues sont même souvent tirés d'archives ou transmis par des passionnés, de plus il a eu accès, au cours de ses recherches, aux journaux de Simo.
Avec Les guerriers de l’hiver, Norek signe un roman historique immersif, extrêmement bien écrit et totalement révoltant, faisant écho, parfois, au présent. Il nous raconte ce que Simo, et tout un peuple, ont vécu aux début de la seconde Guerre Mondiale. Il nous parle d’une Histoire qu’on ne croise pas au détour de nos livres d’Histoire et dont nous n’avons même pas conscience, probablement parce qu’elle ne nous concerne pas. Et pourtant, on dit qu’il faut apprendre des erreurs du passé… Olivier Norek a ces mots si justes, qui pourraient expliquer cette lacune : « La guerre survient souvent pas surprise, et il faut toujours un premier mort sur notre sol pour y croire vraiment ».
C'est une chance de pouvoir découvrir des pans inconnus de l'Histoire et c'est ce que nous propose l'auteur avec Les Guerriers de l'Hiver. J’ai apprécié pouvoir mettre des visages sur les noms, grâce aux photos d’archives qui sont présentées à la fin de l’ouvrage, tout comme j’ai apprécié visualiser les cartes illustrant différents mouvements et lire les remerciements de l’auteur, découvrir les rencontres qu’il a fait, son cheminement, le lien, improbable entre son grand-père et l’Horreur du Maroc. Tout ce contexte rend plus tangible encore la monstruosité de cette guerre sanglante opposant David à Goliath, la Finlande à la Russie, 50 fois plus grosse. Enfin, j’ai particulièrement aimé les petites anecdotes telles que l’origine du cocktail Molotov ou l’identification du « traitre » dans l’affaire de l’usine d’armement finlandaise bombardée.
Il est véritablement difficile de parler de ce roman. Pourtant, tout au long de ma lecture, j'en ai parlé avec mon mari, m'insurgeant de ce que je découvrais puis, depuis que je l’ai terminé, j’ en ai déjà discuté avec plusieurs personnes, listant les points qui m’ont le plus révoltée : l’interchangeabilité des personnes et la censure omniprésente ; le règne de la terreur. J’ai été stupéfaite par l’organisation de l’armée Russe, non préparée à un affrontement dans ces conditions climatiques, armée de Son portrait au détriment de nourriture et de vêtements chauds ; tout comme par le Sisu du peuple Finlandais prêt à tout pour défendre son territoire. J’ai été écœurée par l’intervention de la France, par l’intermédiaire de Daladier (ou plutôt du sien, car l’usage d’un intermédiaire permet toujours de dire qu’il a mal compris en cas de problème) et son calcul stratégique, faisant fi de toute humanité. Mais surtout, j’ai été transportée par la plume de l’auteur, sur un territoire à la fois hostile et protecteur, dans les pas d’un homme devenu légende malgré lui. Un homme simple, proche de la nature, qui a la particularité d’être un tireur exceptionnel. Un homme qui redonne le courage à tout un pays, faisant trembler l’ennemi et lutant pour rester un homme. Olivier Norek nous livre un texte terriblement émouvant et très dur. On s’attache à ces hommes, sans savoir s’ils vont survivre ou non. Sauf que ce n’est pas une fiction, c’est la réalité, ce sont des vies qui s'éteignent pour la folie d’un homme; dans les deux camps. La plume de l’auteur, pour retranscrire l’indicible, est simple et délicate, elle prend aux tripes, expose les faits sans pudeur mais avec tendresse. Dès les premiers chapitres les larmes me sont montées aux yeux et ont régulièrement refait leur apparition tout au long de la lecture.
Les guerriers de l’hiver est un roman marquant qui a laissé son empreinte dans mon esprit. Il rend hommage à un héros mes aussi à tous ces hommes qui ont vu leur vie détruite au nom d'un mensonge. Il confirme le talent d'auteur d'Olivier Norek qui a tout à fait sa place dans cette rentrée littéraire.
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