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Peut-on se fier à la quatrième de couverture des livres ?

Peut-on se fier à la quatrième de couverture des livres ?


Flâner dans une librairie, laisser sa main glisser lentement sur les présentoirs. Se laisser enivrer par l’abondance de couvertures. Être interpelé par l’une d’elle, le nom d’un auteur ou bien par un titre. Se saisir du livre. Lire la quatrième de couverture. Reposer le livre. Répéter ce rituel jusqu’à trouver LE résumé qui nous tente à l’instant T. Celui qu’on a envie de dévorer immédiatement et qui nous pousse vers la caisse un sourire aux lèvres.


Évidemment, un résumé ne donne aucune indication sur la plume de l’auteur, alors, il est possible qu’en lecteur aguerri, nous ayons ouvert le livre sur le premier quart de l’histoire et lu un paragraphe, peut-être même deux, pour être certain que le style nous plairait...


Souvent, cela fonctionne. Que l’histoire soit ou non un coup de cœur, le résumé a été un guide fidèle et nous y trouvons ce que nous sommes venus y chercher. Enfin, ça c’est ce qui doit normalement se produire, parce que ces derniers temps, je suis restée plusieurs fois déconcertée par le gouffre qui séparait la quatrième de couverture du contenu réel du livre.


Je me souviens d’un résumé qui promettait un bras de fer psychologique terrible entre deux assassins potentiels... imaginez ma surprise lorsque je me suis retrouvée face à un policier davantage préoccupé par de vieilles rancunes à l’intérieur même du commissariat, pendant que l’enquête se résolvait d’elle-même au second plan et qu’il n’y avait finalement pas l’ombre d’une confrontation entre les deux suspects. Le livre n’était pas mauvais, mais ça n’était ni ce que j’étais venue lire, ni ce que l’on m’avait promis. Que c’était frustrant !


Et que dire d’une quatrième de couverture qui va jusqu’à évoquer des choses qui ne se produisent qu’à la moitié du livre ? Imaginez l’attente, l’incompréhension et l’impatience que cela génère. Et finalement, quel est l’intérêt d’aller si loin dans un résumé ?


Aujourd’hui, la lectrice que je suis est prise d’une furieuse envie de râler ! Et puisque ça ne serait pas constructif, je préfère vous demander : peut-on faire confiance uniquement à une quatrième de couverture ?


Heureusement, nombres de maisons d’éditions proposent des résumés fiables. D’ailleurs Michel Lafon ou Albin Michel, se permettent parfois des quatrièmes de couvertures composées d’une ou deux phrases sybillines. Évidemment, elles le font bien souvent pour des auteurs déjà connus, parce que leur nom suffit à attirer la curiosité des lecteurs. Mais ça fonctionne. On part à la découverte du récit, vierge d’idée préconçue et prêt à découvrir l’histoire pour ce qu’elle a à nous raconter et non pour ce que l’on en espère.


Une poignée de lecteurs se fient uniquement à la couverture. Il est vrai que certaines sont de véritables petits bijoux, méticuleusement travaillés, ou délicatement épurés, aux couleurs harmonieusement choisies. Nous aurions l’assurance qu’elles seraient du plus bel effet dans notre bibliothèque. Mais cette forme de hasard, qu’il est agréable de pratiquer parfois, peut-elle sérieusement induire toutes nos lectures ? Lorsque je songe à la collection blanche de Gallimard ou aux couvertures bleues des éditions Stock - qui se distinguent si peu les unes des autres, sauf par un petit bandeau, à l’occasion - j’ai la conviction que si une jolie couverture peut, de temps en temps, guider nos choix, ce n’est pas un critère que je souhaite retenir.


Vous et moi savons que je suis blogueuse littéraire et bookstagrameuse. Et vous vous dites peut-être : tout ce baratin pour finalement faire l’apologie de ce qu’elle pratique ? Suis-je en train de lire un article qui va mettre l’accent sur les influenceurs littéraires ? Penser cela serait bien mal me connaître ;)

Je crois que les blogs et bookstagram (pour être honnête, je passe clairement plus de temps à parcourir Instagram qu’à m’aventurer sur les blogs, n’en grappillant que quelques articles lorsque je suis véritablement interpellée sur Instagram. - décidément, vous saurez tout !-) sont d’excellents compléments et je ne saurais dire combien de livres j’ai découvert et acheté, ni à côté de combien de belles histoires je serais passée sans même un regard, sans cette communauté. Mais, j’ai aussi la certitude que tous les comptes ne se valent pas. Et si j’accorde une confiance aveugle à une petite quantité de blogueurs qui ont des goûts sensiblement identiques aux miens ou complètement différents (c’est aussi ça, l’intérêt de la chose) et que je connais depuis de longs mois, voire années; je me méfie des avis systématiquement dithyrambiques de certains et j’ai mis de côté ceux qui en disent trop. Je suis d’ailleurs incapable de lire un livre dont le contenu m’a été dévoilé, même partiellement.


Mon regard est parfois attiré par les commentaires clients sur les sites de vente en ligne. Mais très franchement, je regarde davantage les petites étoiles que les commentaires eux-mêmes, par peur du spoil (et parce que parfois, ils piquent un peu les yeux).


Enfin, j’avoue que je suis moi-même surprise de n’y avoir pensé qu’à la fin, mais le rôle de votre libraire est aussi de savoir vous conseiller un livre qui correspond à vos envie de lecture !

Je découvre avec une certaine curiosité et, pour être tout à fait honnête, une pointe d’envie, tou(te)s les bookstagrameur(se)s qui montrent les livres que leur libraire leur ont recommandé, voire même, mis de côté. Dans ma ville, il n’y a qu’une seule librairie indépendante, tenue par deux libraires. L’une des deux est imbuvable et m’a fait me sentir très mal à l’aise il y a un an. Résultat, je n’y suis pas retournée depuis, préférant m’approvisionner chez Cultura ou sur internet... Mais j’adorerais flâner durant des heures en librairie et papoter avec un(e) gentil(le) libraire qui, à force de me vendre des livres, saurait exactement lesquels me conseiller.




Au moment où je termine cet article, je suis bien en peine de devoir admettre que toutes les quatrièmes de couvertures ne sont pas fiables. Pourtant, ce sont les guides les plus accessibles que nous ayons face à un livre inconnu. Il me semble aussi qu’il ne faut pas hésiter à demander les recommandations d’un libraire ou suivre l’avis d’un bookstagrameur en qui vous avez confiance.

J’aimerais que les maisons d’éditions redoublent de vigilance à ce sujet. Il en va de leur crédibilité, bien entendu, mais c’est avant tout pour que le lecteur puisse aborder sereinement l’histoire qu’il est venu lire. Pour qu’il ressorte comblé de cette expérience littéraire et non floué par un résumé qui lui a laissé entendre des choses, peut-être plus attrayantes, mais qui n’étaient pas conformes à la réalité.


Lire, c’est se faire emporter par l’inconnu durant de longues heures. Autant être bien conseillé 😉


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