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Prisonnière des rebelles - Jessica Buchanan

Prisonnière des rebelles

Auteur : Jessica Buchanan

Éditeur : L'Archipel (02/04/2020)

277 pages


Résumé :

Somalie, 25 octobre 2011. Jessica Buchanan, une Américaine de 32 ans travaillant pour une association humanitaire, est kidnappée par un groupe de pirates. Pendant trois mois, Jessica est déplacée de cache en cache, affamée, assoiffée. Son état de santé se dégrade, sa mort semble imminente. Surarmés, les kidnappeurs réclament 45 millions de dollars pour la libérer…  Sur place, Erik Landelman, son mari, active ses contacts avec le FBI. Mais les négociations avec les ravisseurs s'enlisent. Le président Obama décide alors de dépêcher un commando des Navy Seals pour tenter de sauver la jeune femme… 

Ce livre raconte le combat désespéré de Jessica pour rester en vie. Il alterne son point de vue et celui d'Erik. L'histoire poignante d'un sauvetage qui semblait, sur le papier, impossible.


Avis :

Voici une lecture qui change un peu de l’ordinaire, puisqu’il s’agit d’un récit, genre que je lis très peu. Je remercie Babelio et les éditions de l’Archipel de m’avoir permis de découvrir l’histoire de Jessica et Erik.

Prisonnière des rebelles, retrace le calvaire traversé par Jessica, son mari Erik et sa famille, ainsi que celui de Poul, citoyen norvégien kidnappé en même temps qu’elle; mais pas seulement. Le récit revient également sur le passé de Jessica et Erik, la naissance de leur vocation, et leur rencontre. Il nous dresse le portrait de deux personnes exceptionnelles, à l’humanité très forte et aux valeurs familiales ancrées. Il nous parle d’un homme et d’une femme, qui ont souhaité faire le bien, et se mettre au service des autres pour, peut-être, améliorer un peu leur quotidien. Et il nous parle également de la face sombre de l’histoire, ces personnes qu’ils ont voulu aider, et qui se retournent contre eux ; ces personnes qui carburent au khat (plante psychotrope) et qui n’ont pas le sens des réalités ; ces personnes pour qui, tout risquer sur un coup de poker, vaut mieux que l’existence à laquelle il sont condamnés. Prisonnière des rebelles évoque enfin quelques autres cas d’enlèvement ou de piraterie, l’implication de Barack Obama dans le sauvetage de janvier 2012, et le groupe d’hommes surentraînés qui a participé à ce raid.

Le narrateur se place à la fois du point de vue de Jessica, et de celui d’Erik ; nous suivons, au fil du temps qui passe, les pensées des deux époux et leur amour qui les guide. Ils se rattachent au souvenir qu’ils ont de l’autre pour continuer à avancer et orienter leurs actions. Cela est particulièrement parlant chez Eric, qui analyse tout ce qu’il entreprend, afin que cela ne puisse pas être récupéré et analysé par les rebelles.

Le récit de Jessica est particulièrement poignant ; nous avons beau savoir qu’elle va s’en sortir, nous ne pouvons pas nous empêcher de trembler pour elle. Sa connaissance du pays, des coutumes et des choses à faire ou ne pas faire lors qu’une prise d’otage sont autant d’atouts que son bon sens et sa capacité d’analyse. Toutefois, il faut avant tout un sacré mental pour supporter les conditions dans lesquelles elle est détenue, surtout lorsque la santé est concernée. Vivre dans cette peur constante que quelque chose dérape, de se faire exécuter ou encore violer, nécessite une grande force de caractère; mais comme le dit Jessica, cela aurait pu être pire. Et c’est aussi ce qui rend les choses difficiles : imaginer ce pire que l’on sait pouvoir arriver à tout instant.

La plume du rédacteur est assez agréable, un peu complexe par moment lorsqu'il s'agit de considérations politique ou spirituelle, et il y a quelques redites qui alourdissent un peu l'ensemble. Mais globalement, nous sommes bien immergé dans l'horreur de ce qu'on vécu Jessica et Erik, quelques fois j'ai eu la chair de poule ou les larmes aux yeux. Ce qui marque surtout, au delà de la séquestration et de l'inhumanité des ravisseurs, c'est cette fracture culturelle et le fossé qui sépare les pays pauvres, dont il est question, des pays riches, que ce soit en terme d'éducation ou de richesse; et c'est, malheureusement cette fracture qui conduit à de tels actes: pourquoi ont-ils tout et nous rien ?

Si ces 93 jours de captivité ont fait naître tout un tas de questions aussi bien chez Erik que chez Jessica; suis-je responsable ? aurais-je dû l'empêcher de partir en mission ? est-ce des hommes que j'ai contribué à faire libérer de prison ? n'est-il pas trop tard pour les enfants-soldats ? est-ce que mon aide sert à quelque chose finalement ? A aucun moment ils ne remettent en question leur engagement humanitaire. Jusqu'au bout j'aurai été admirative de ce couple.

Prisonnière des rebelles est une histoire qui finit bien; mais combien d'autres n'ont pas eu cette issue ? Qui trouve normal qu'en Somalie le salaire annuel moyen soit de 600€ ? Jessica a eu une nouvelle chance et ce qu'elle a vécu lui a permis de revoir ses priorités. Ce récit amène forcément à réfléchir mais, pour ma part, je me trouve bien impuissante face à ce qu'il révèle.


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