Si la vie te donne des citrons,
fais-en une tarte meringuée
Auteur : Charlotte Léman Éditeur : L'ARCHIPEL (20/05/2021)
284 pages
Résumé :
Clémence chérit l'existence tranquille qu'elle s'est construite : une vie de couple paisible, un fils adorable et un travail d'assistante dont elle connaît tous les rouages. Un si bel équilibre vaut bien quelque concessions. Alors, avec le temps, Clémence a appris à arrondir les angles.
Son petit monde s'effondre le jour où son mari la quitte pour une femme plus jeune. Cerise sur le clafoutis, il lui annonce qu'il reste dans leur appartement tant que celui-ci ne sera pas vendu !
Clémence va devoir choisir : désespérer ou reprendre sa vie en mail. Cette épreuve pourrait bien être l'occasion d'une revanche.
Avis :
J'avais très envie de découvrir la nouvelle collection des Editions de l'Archipel : Instants suspendus, dont les romans sont présentés comme des bulles de tendresse, surfant, je présume, sur la vague feel-good. Je ne vous cache pas que lire un roman dans lequel une femme portant mon prénom se fait plaquer par son mari ne m'enchantait pas des masses, mais c'est celui-ci que l'on ma conseillé alors advienne que pourra.
Il faut avouer que rien que le titre a de la gueule. A rallonge, certes, mais chantant et avec une petit côté optimiste. La couverture est également très sympa, dans les tons jaune et vert, assez minimaliste, laissant toute sa place au titre si accrocheur.
Et bien, je ne regrette vraiment pas ma lecture. La plume de Charlotte vraiment est très agréable, j'ai adoré plonger dans l'esprit de Clémence et voir, toutes les petites réflexions intérieures qu'elle se fait, commentant les dires de chacun et parfois, ses propres pensées. Le récit fait assez surréaliste et pourtant tellement vrai. Surréaliste dans le sens où c'est sans doute exactement ce que l'on ressentirait si, comme Clémence, du jour au lendemain, on se retrouvait plaquée par notre mari (ou notre femme); comme propulsé dans une autre dimension. Cela, Charlotte le retranscrit à merveille; on ressent véritablement tous les sentiments qui traversent Clémence, vous savez, ces fameuses phases : déni, colère…
D'un côté, c'est très cliché : ma pauvre fille, à 43 ans, te retrouver seule ! Tu n'y arrivera jamais, et puis tu ne retrouveras personne, tu ne prends même pas soin de toi ! Parce que oui, en chemin, Clémence s'est un peu oubliée, et certains ont des idées un peu rétrogrades, comme si une femme ne pouvait pas exister sans homme ou comme si les efforts devaient être à sens unique dans un couple. Mais Charlotte tort aussi le cou à ces fameux clichés, à travers les pensées, souvent mordantes de Clémence. Pensées seulement, parce qu'elle ose rarement dire les choses à voix haute, de peur de heurter quelqu'un. Ainsi, elle s'est faite esclave de son patron, de son mari, et même de sa mère ! Et il est affligeant de voir le peu de considération que ces derniers lui portent; peut-être justement parce qu'elle ne dit rien. Cela a terriblement entamé sa confiance en elle, particulièrement le fait d'être constamment dénigrée.
Bref, Clémence suit son chemin, à son rythme; et ne pas penser tout le temps qu'aux autres va lui permettre de s'apercevoir qu'elle ne sait pas ce qu'elle désire elle-même. Plus d'une fois les larmes me sont montées aux yeux, touchée comme j'ai été par le désarroi de la quarantenaire. Charlotte Léman ne tombe pas dans le pathos quand elle raconte le calvaire de Clémence, tout est très justement dosé, c'est léger et en même temps terriblement émouvant.
Antoine, le mari volage et Marianne, la mère, sont exaspérants et nous donnent des envies de meurtre ! Il est toujours difficile de voir sa vie chamboulée du jour au lendemain, de devoir avancer vers un inconnu qui fait peur. Mais parfois, c'est un mal pour un bien ! Une situation que beaucoup de femmes (et d'hommes) ont traversé et traverseront encore, qui demande une certaine dose de courage mais parfois, il faut savoir se choisir soi, et ce que va finir par comprendre Clémence.
Très très belle lecture, addictive, qui fait aussi la part belle à l'amitié, à la relation mère-fils et à la pâtisserie !
Kommentare