top of page
  • Photo du rédacteurNadge

Un acte de gloire - Ferdia Lennon

Un acte de gloire - Ferdia Lennon

Auteur : Ferdia Lennon

Buchet Chastel

Parution : Mars 2024

Note : 3,5 / 5

352 pages

Résumé éditeur :

412 avant notre ère, au lendemain de la victoire de Syracuse lors des guerres du Péloponnèse. Alors que des milliers de prisonniers athéniens croupissent dans des carrières, deux jeunes potiers sans le sou, Gélon et Lampo, offrent du vin et des olives à qui voudra bien réciter des vers d’Euripide. Parmi les hommes affamés, les candidats ne manquent pas. Bientôt, naît le projet fou de monter Médée et Les Troyennes au beau milieu de cette prison à ciel ouvert.


Mêlant une parfaite connaissance du monde antique au parler savoureux des pubs irlandais, Ferdia Lennon signe un roman à cadre historique résolument moderne, embarquant le lecteur dans une aventure tragi-comique inoubliable. D’une actualité brûlante, Un acte de gloire est une puissante réflexion sur le pouvoir de l’art et sur les interstices où renaît l’humanité après la guerre.


Avis lecteur :

J'aime les masses critiques de Babelio car elles me permettent de sortir de ma zone de confort en découvrant des romans que je n'aurai probablement jamais lu. Merci Babelio!!

C'est le cas avec un acte de gloire.


Tout d'abord, j'ai été happée par la couverture, entre bleu et sable, avec des personnages grecs (amphore, masque, tunique...). J'adore l'Histoire et ces détails m'ont plu.

Ensuite l'intrigue : un hommage à l'art, en plein milieu d'une zone de désolation, rongée par les ravages de la guerre. Un mélange qui peut être très riche, s'il est bien dosé.


Je me suis donc lancée dans cette lecture avec curiosité. Mais j'ai eu un peu de mal au début. On entre de suite dans l'histoire, sans préambule. C'est un peu déstabilisant.

On rencontre Lampo (personnage au travers de qui on suit l'histoire) et Gélon, deux Syracusains sans le sou qui veulent monter une pièce de théâtre dans les carrières de Syracuse, avec des prisonniers Athéniens.

En effet, les carrières servent de prison à ciel ouvert pour les soldats qui sont laissés à leur triste sort. Ils attendent la mort, au milieu des rats, sous un soleil de plomb le jour et dans un froid piquant la nuit.

La situation des locaux n'est guère plus facile : certes ils sont vainqueurs, mais ils sont ruinées par l'effort de guerre. La plupart nourrissent de la haine contre les Athéniens, responsables de la mort d'un ou de plusieurs de leurs proches.

L'idée de Gélon, littéralement obsédé par Euripide et de Lampo est donc un peu folle. Et c'est là la magie de ce roman : il est addictif car j'ai eu envie de savoir si le projet de monter Médée et Les Troyennes allait réellement voir le jour, malgré ce contexte plus que défavorable. Je n'en dirai rien, pour le pas spoiler le livre, mais sachez que l'on suit pas à pas leurs questionnements et le montage de ces pièces. Ils vont faire entrer de la nourriture, des boissons pour les Athéniens, pauvres hommes décharnés. Ces petites attentions vont leur permettre de "revivre" un peu, pour devenir des comédiens.

En parallèle de leur nouveau travail de metteur en scène, on suit des moment de vie : Lampo tombe amoureux d'une esclave, on rencontre des enfants attachants qui jouent avec des casques et des armures, on flâne dans les allées du marché pour acheter du vin, on va au bar avec les pécheurs... J'adore l'ambiance du roman, qui décrit de façon habile la société de Syracuse.


La plume est surprenante. Elle est à la fois riche, avec des termes parfois très recherché, et les dialogues sont directs et francs, du "parlé vrai", comme entre deux copains au bar. Il y a parfois des touches d'humour (humour souvent le plus souvent).

Les chapitres sont assez courts, et donnent du rythme.

Je pense que le roman est très bien documenté, l'auteur a du faire beaucoup de recherches sur la cité et ses habitants.


Remarque : j'aurai apprécié au début du roman un petit focus historique, sur cette période où Athènes a voulu attaquer Syracuse, et sur les poètes et pièces de tragédie Grecque. J'ai quelques bases, mais j'ai été parfois un peu perdue. Cela apporterait un réel plus pour la compréhension du contexte.


Une belle découverte, surprenante. Les aspects humains sont bien décrits (la haine, le mépris, la violence quand on croit que tout est fini)... mais également l'amour et l'amitié. Où comment voir de l'humanité dans un tombeau à ciel ouvert.

Le style est direct et moderne, et cela permet d'être dans l'action.

Enfin, ce roman n'a donné envie de me replonger dans l'histoire grecque Antique.

L'espoir fait vivre, et ce roman en est une belle définition.

Une tragédie sans mélodies c'est comme un soleil qui ne dégage aucune chaleur : un astre mort où rien ne germera. Quand les hommes partent à la guerre, c'est au son de la musique. Quand ils voguent vers des rivages meilleures et rament dans l'immensité bleue, c'est au son de la musique. Nos cœurs eux-mêmes battent en rythme, et le metteur en scène qui néglige cet élément néglige ce qui fait de nous des hommes.

C'est l'espoir qui alimente notre peur, et je me rappelle qu'un homme devrait être reconnaissant envers ses peurs, car cela signifie qu'il a quelque chose à perdre ou à gagner.

bottom of page