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Vivre - Pauline Deysson

La Bibliothèque

- Vivre -

Auteur : Pauline Deysson

Editeur : PAULINE BECKER (12/09/2018)


Résumé :

Imaginez un monde où ni la misère, ni l'inégalité, ni l'amour n'existeraient. Le technomonde.

Imaginez un lieu au cœur de la pensée, qui abriterait les rêves et les derniers livres de l'humanité. La Bibliothèque.

Imaginez que ces deux univers se rapprochent.

*

A 15 ans, le deuxième livre-rêve d'Emilie la conduit sur une terre dont elle est la reine légitime.

Héritière au pouvoir fragile, qui doit-elle suivre pour faire d'Alma le pays idéal ? Trois voies s'offrent à elle : le fastueux royaume d'Abyss, le riche archipel de Promote ou la pieuse principauté de Zénit.

Mais le rêve d'Emilie est truqué, car derrière l'un des personnages se cache son pire ennemi…

L'accompagnerez-vous ?


Aucun royaume, aucun système politique ne pouvaient être parfait: le sien ne faisait pas exception. Il fallait toujours qu'il y ait des mécontents: chacun limitait la justice à ses privilèges.

Avis :

J'ai découvert la Bibliothèque, auto-publié par Pauline Deysson, il y a tout juste 2 ans, avec son premier tome, Grandir, via SimPlement. L'auteure a déjà prévu une série de 5 tomes au cœur de son univers. Malgré le fil rouge conducteur, de l'apprentissage d'Emilie en tant que Bibliothécaire, chaque tome présente une histoire dans son entièreté et peut se lire indépendamment des autres.

Ma lecture de ce second tome s'est étalée sur le mois de février et je l'ai entrecoupée avec la lecture d'autres romans. En effet, le roman de Pauline Deysson est tellement riche et dense, que j'ai eu besoin de le découvrir par petit bout pour l'apprécier totalement. Cette densité (accentuée par les très longs chapitres) est aussi, clairement, avec le manque d'action durant une grande partie du récit, ce que l'on peut reprocher à Vivre. Tout est dans la description, l'analyse et la contemplation. C'est, une lecture à la fois "laborieuse" et tellement enrichissante. Sur fond de réflexion, à tendance philosophique, elle nous dresse une analyse de la société à travers différents royaumes inspirés de l'Histoire de l'humanité.

L'auteure y a construit un univers extraordinaire, qu'elle est libre d'élargir à chacune des étapes franchies par Emilie, puisqu'elle lui accorde le privilège de pouvoir voyager, rêver, à travers les livres dans lesquels elle s'immerge par le biais d'un personnage. Contrairement au premier tome, dans celui-ci, l'immersion se poursuit tout au long du récit. Mais Emilie ne rêve pas seule… et j'ai été bien incapable de déterminer quels personnages avaient été investi par les lecteurs clandestins.

Nous sommes entraînés, à la suite d'Emilie, et du personnage qu'elle incarne (l'enfant du roi Ares) à la découverte des différents systèmes de gouvernement établis dans les royaumes voisins, et nous cherchons à définir comment construire une société plus juste; qui réponde aux attentes de la reine, tout en étant favorable au peuple. Faire passer les besoins et la survie de tout un peuple avant un désir de liberté. Une carte nous est proposée en début de roman, pour nous permettre de nous repérer au fil du périple. Ce voyage est entrepris par les quatre souverains, chacun accompagné d'au moins une personne de confiance.

Tour à tour, nous découvrons des sociétés totalement différentes, dans lesquelles nous reconnaissons forcément les bases de gouvernements, passés ou actuels, ayant existé. Au gré des échanges entre les personnages, chacun ayant un avis arrêté et des principes différents, acquis au cours de leur éducation, nous pesons les pour et les contre. Entre traditions, parfois injustes et inégalités, rien ne trouve grâce aux yeux d'Emilie (pas plus qu'aux nôtres d'ailleurs, mais nous ne pouvons que constater que notre environnement n'est pas meilleur). Les inégalités sont multiples et toutes autant dérangeantes : pauvres / riches, noirs / blancs (là où les blancs sont les esclaves), minorités ethniques ou religieuses. Les privilèges de ceux qui sont ont pouvoir dominent toujours. Au fil de son voyage, Emilie grandit, Emilie est toujours révoltées par les injustices qu'elles constate, mais Emilie comprend que le monde parfait ne peut pas exister car l'homme est un éternel insatisfait.

Les réflexions sont justes, criantes de réalisme, marquantes. Pauline Deysson expose sa pensée, sans pour autant influencer le lecteur, ses personnages ayant des points de vue différents. Malgré toute la bonne volonté de la reine, entre faux semblants et trahisons, chacun poursuivant son propre but au détriment des autres, la situation prend une tournure qu'on n'attendait pas.

Le texte est émaillé de références et de clins d'œil à ce que nous connaissons, comme ces Ingalais qui parlent un langage assez compréhensible pour nos oreilles ou nos yeux et dont la géographie nous parle tout autant : île de Wilderness, mer Moreover… ou encore ces place of endless pain dans lesquels sont enfermés hommes, femmes et enfants d'une "sous-race".

Technologie, recherche de profit, religion, art... la plume de Pauline n'oublie rien. Vivre est un roman lent mais captivant, qui fait réfléchir, bouscule le lecteur. C'est bien construit, la lecture se déroule comme elle se doit, mais manque peut être un tout petit peu de rebondissements. Ce n'est qu'au retour dans la cité de la reine, que l'action s'emballe. Dans les dernières pages, alors qu'Emilie rejoint la Bibliothèque et est éjectée de son rêve, Antonie, la bibliothécaire, lui explique ce qu'il s'est passé durant son rêve et, ouvre la voie au prochain opus. Car, le but ultime de la formation d'Emilie est de vaincre Jean, l'ancien apprenti, et le technomonde qu'il a créé, au détriment des âmes qu'ils sont sensés protéger.


Si ce roman est plutôt à déconseiller pour tous ceux qui recherchent le frisson de l'aventure ou l'angoisse des thrillers, il ravira ceux qui cherchent à s'émerveiller et élargir les limites de leur imagination, il comblera ceux qui aiment pousser leur réflexion toujours plus loin et interpellera sans aucun doute, tous ceux qui, comme Emilie, sont autant choqués qu'impuissants face à la nature humaine.



La tradition est un cadre à la fois rassurant et contraignant. Je m'y suis résignée et m'efforce d'en tirer le meilleur parti: il faut bien des règles pour vivre ensemble.

Pour qu'une balance marche correctement, son équilibre ne doit pas être rompu. Si elle penche trop d'un côté, elle se déréglera. L'âme humaine fonctionne exactement selon le même procédé… Pour rester juste, elle doit être à la croisé de tous les excès. Le Bien est l'équilibre : l'emportement représente le Mal.

Je ne conçois pas que les hommes de toutes ces religions soient prêts à commettre les pires atrocités au nom de leurs divinités pacifiques. Afin de défendre leurs principes, ils les trahissent de la manière la plus éclatante… Comment voulez-vous, après ça, accorder foi à leurs propos ? Une religion qui exige de désobéir à son dieu pour mieux servir ses prophètes n'a aucune validité.

Je peux bien créer des écoles, abolir l'impôt, établir les droits de l'homme, les combats et les meurtres ne cesseront pas. Certains êtres humains saisissent n'importe quel prétexte pour se haïr mutuellement et entraînent les faibles d'esprits à leur suite.

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