Nathanaël
Auteur : Anaïs Dariot
Éditeur : Pygmalion-Gérard Watelet (22/11/2017)
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Résumé éditeur :
« Mon fils chéri, sept années ont passé, sept longues années de souffrance. Moments de violences, moments d'espoirs aussi, moments de chutes et rechutes. Surtout, la honte d'un mal qu'on ne nomme pas ? »
Nathanaël, adolescent doux et fragile, a sombré au cours des années dans l'alcoolisme. Quand a commencé sa longue descente aux enfers ? Anaïs Dariot, sa mère, l'ignore et se sent responsable. Déchirée par la culpabilité, elle se débat pour sortir son fils de son addiction meurtrière. Nathanaël l'entraîne dans l'insupportable cycle des guérisons, des mensonges et des rechutes. Un inégal combat où l'urgence le dispute à la peur, la lutte au désespoir. Ce récit pudique et intime nous offre un salutaire rappel des pièges de l'alcool.
Avis :
Nathanaël faisait partie de mes choix lors de la dernière masse critique Babelio, et je les remercie, ainsi que Pygmalion pour cet envoi.
Je ne lis que très peu de récits mais le coup de cœur que j’avais eu pour Ma fille voulait mettre son doigt dans le nez des autres chez le même éditeur, m’avait convaincue de retenter l’expérience avec, ici, le combat d’une mère pour aider son fils à vaincre l’alcoolisme.
Pourtant, la magie n’a pas opéré pour moi. Nathanaël est un récit très personnel, un peu poétique par moment, plutôt dur ; et j’ai eu beaucoup de mal avec la plume d’Anaïs Dariot. Dès les premières pages le choc est rude, une écriture sur laquelle j’ai buté, ne me permettant pas de profiter pleinement de ma lecture. Si par la suite cela s’améliore (ou l’on s’y habitue ?), j’ai à nouveau ressenti cette difficulté sur certains passages. Le fil est un peu décousu et par moment (surtout sur la fin), j’ai eu du mal à suivre la chronologie des faits. Nous sommes propulsés dans la vie d’Anaïs et de Nathanaël brusquement et sans filtre. J’aurai peut-être regretté un mot de l’auteur sur la fin, nous expliquant sa démarche et son processus d’écriture.
Au-delà du combat d’une mère contre l’alcoolisme de son fils, nous avons la vision du combat d’une mère contre elle-même. Anaïs n’a pas eu une vie facile et il est très difficile pour elle d’accepter la situation de son fils et son impuissance vis-à-vis de celle-ci. Plus encore, elle se remet en cause, dans son rôle de mère, dans ses décisions, ce qu’elle a imposé à son fils : si il est alcoolique, c’est de sa faute à elle. On ressent bien, à travers ses mots, toute sa souffrance de voir son fils ainsi, de ne rien pouvoir faire ; sa honte, son envie de baisser les bras. L’angoisse de ne pas savoir ce qu’il fait ; il n’y a rien de pire que de laisser aller son imagination. Elle nous livre le récit d’une famille (au sens élargie) compliquée : père alcoolique, belle-mère étouffante, enfants nombreux, tantes suicidées… tant de choses qui ont pu avoir des répercussions sur Nathanaël a un moment ou un autre. Le lecteur se sent également impuissant, démuni, on pense à la fatalité, on ne contrôle pas la vie, et encore moins celle de ses enfants. J’avoue que Nathanaël est un écrit qui m’a également effrayée ; en tant que mère, on souhaite le meilleur pour son enfant et imaginer mon fils « déraper », devenir malade de l’alcool ou d’autre chose me soulève l’estomac. D’autant que l’on comprend qu’on ne peut rien y faire. L'auteure insiste sur cette notion d’enfant prodige qui tourne mal ; pourquoi ? quand ? comment ? on ne peut décemment pas tout contrôler ni prévoir les répercussions de certaines décisions. Chacun est responsable de ses choix. Personne ne peut le faire pour nous.
J’ai également perçu, en Nathanaël, une réflexion sur la nature humaine. L’homme fasciné par la déchéance des autres. Le jugement. Mais aussi l’homme et le paraître. Se construire une vie. Travailler. Vivre en couple. Anaïs Dariot a des mots durs parfois, notamment vis-à-vis de son compagnon ; compagnon qui ne lui convient clairement pas puisqu’il lui demande (indirectement) de faire un choix entre lui et son fils. Elle doit composer avec les deux, parce qu’elle ne peut pas abandonner son bébé, et qu’elle essaie de ménager son compagnon. On sent clairement une femme déchirée, et j'ai souffert avec elle.
Par moment, quand on découvre cette famille atypique, brisée, on a presque l’impression de se trouver dans un film ou un roman. Mais non, c’est la réalité. Brute.
Personnellement, je ne connais pas d’alcoolique (ou alors je ne le sais pas) mais ce que je peux dire en sortant de cette lecture, c’est qu’il me semble vraiment difficile de s’en sortir seul. Tout est du point de vue d’Anaïs, donc peut-être pas forcément objectif, mais j’ai été « choquée » par les conditions de prise en charge médicale / médicamenteuse, le peu d’effet que cela peut avoir sur Nathanaël qui replonge systématiquement, que l'on laisse sortir seul malgré son "handicap" et qui semble livré à lui-même.
Je n’ai pas pu m’en empêcher ; une fois le livre refermé, j’ai tapé Nathanaël Dariot sur internet. Je suis contente d’avoir lu qu’il était maintenant trentenaire et qu’il avait un travail et une vie sociale.
Ce livre m’a donc tout de même marquée, chamboulée mais l’écriture a été un point bloquant dans mon appréciation.