Bienvenue au Motel des Pins Perdus
Katarina Bivald
Traduit du suédois par Lucas Messmer
Editions Denoël – février 2019
565 pages
2,5 /5
J’ai découvert "Bienvenue au Motel des Pins perdus" de KB dans un colis surprise des Éditions Denoël ! Ils l’ignoraient, mais il y a un long moment que je souhaitais découvrir cette auteure ! J’en profite pour les remercier ainsi que Joséphine et Maria Luisa !!!
"Je ne pense pas que le cours du temps soit linéaire et immuable, comme on se l’imagine. Je crois que tous les instants existent en même temps, à chaque seconde."
Concernant l’histoire : le sujet et l’entrée en matière sont originaux : nous sommes dans la peau d’Henny, une jeune femme qui vient de mourir renversée par un camion. A travers ses yeux (de fantôme 😉), nous découvrons ses proches et leurs réactions : tantôt émouvantes, tantôt étranges voire carrément déconcertantes. Celles d’Henny sont d’ailleurs plutôt amusantes.
KB dépeint avec beaucoup de tendresse et de justesse le quotidien de personnages simples (quoique, pas forcément) et attachants dans une minuscule bourgade de l’Oregon. On apprend à les connaître grâce à leurs actions, leur psychologie joliment développée mais aussi grâce au regard tellement bienveillant de leur amie Henny. Ce roman avait tout pour me plaire ! Mais, il y a un mais…
J’ai trouvé que l’histoire peinait à s’installer. Plus de 120 pages pour planter le décor. Et ce n’est qu’à la page 216 qu’Henny décide de tenter de sortir de la simple observation afin de tenter d’agir pour ses proches. Le rythme est donc plutôt lent (indolent). Ou c’est peut-être que le résumé me laisser espérer autre chose…
Je n’ai apprécié ma lecture qu’aux deux tiers du roman. Une fois que le début est passé, l’histoire est tendre et émouvante avec une once de légèreté. Et à partir de ce point, ça m’a vraiment plu.
Le motel est l’épicentre du récit et représente un pan de l’histoire de la ville. Décrépis certes, mais beaucoup de personnes s’y croisent, s’y réconfortent puis le quittent. Il est aussi la personnification de la tolérance dans une ville anti LGBT 🏳️🌈 où tous les gens un tant soit peu marginaux sont jugés et priés de se remettre dans le rang.
Il y a aussi tout un questionnement sur le fait de rester là où on est né, là où sont nos racines. En opposition à Mickael qui est parti et a voyagé partout dans le monde durant de longues années. En fait il y a tout un questionnement sur la vie de façon générale et ça me renvoie à mes propres interrogations... c’est peut-être pour ça que je n’ai pas accroché. Parce que ça me renvoie à des choses auxquelles je n’ai pas envie de songer lorsque je lis. Parce que ça sonne beaucoup trop vrai aussi. Et que je n’ai pas envie de lire l’écho de tout ce qui tourne déjà dans ma propre tête (et que je peine parfois à maintenir à distance). (C’était le quart d’heure que psy du jour... mais j’avais besoin de vous le dire pour que vous compreniez mon ressenti) Je dois vous avouer que j’aurais adoré aimer cette histoire d’un bout à l’autre mais le rythme un peu trop lent à mon goût et la succession de questions existentielles (certes, très justes et intéressantes) dans la première moitié de l’histoire ne m’ont pas permis de l’apprécier à sa juste valeur.
Durant toute ma lecture, j’ai échangé avec Clem et elle n’est pas du tout de mon avis. Là où certaines choses m’ont pesée, elle a ressenti des émotions. Là où j’ai trouvé un manque de rythme, elle a trouvé que l’histoire était développée et agréable. J’ai donc un sentiment ambivalent envers ce livre. La plupart du temps je me suis ennuyée et par moment j’étais vraiment emballée. La fin est malgré tout émouvante et belle et je suis contente d’être allée au bout de cette lecture. En bref : un roman émouvant qui porte un regard humaniste sur la richesse de la vie et la beauté du quotidien.