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Si près des étoiles - Kate Alcott


Si près des étoiles

Auteur : Kate Alcott

Éditeur : L'Archipel (13/03/2019)

Résumé :

1938. Julie Crawford n'a qu'une idée en tête : devenir scénariste. Aussi quitte-t-elle sa ville natale de l'Indiana pour gagner Hollywood.

Sur place, ses illusions se heurtent a la réalité des studios : réalisateurs irascibles, vedettes capricieuses... Par chance, la jeune femme croise la route d'une star : Carole Lombard, dont la liaison avec Clark Gable défraie la chronique.

Devenue l'assistante de Carole, Julie est aux premières loges de ce scandale qui pourrait nuire au film a succès que promet d'être 'Autant en emporte le vent', en cours de tournage.

Prise dans un tourbillon qui la dépasse, Julie réussira-t-elle a prendre son envol, ou verra-t-elle ses espoirs balayés par la prestigieuse usine a rêves ?


Oscar constitue un symbole parfait. Il s'agit d'un homme, un homme musclé, serrant entre ses mains une rutilante épée. En revanche, la moitié de son crâne, celle qui est censée abriter son cerveau, ses concepteurs l'ont tronquée. En d'autres termes, mesdames, cet endroit qu'on appelle Hollywood est dirigé par des hommes, qui ne brillent pas toujours par leur intelligence. Alors, je vous en prie, ne les laissez pas vous en mettre plein la vue.


Avis :

Je remercie les éditions de l’Archipel pour cette lecture que j’ai vraiment adoré. C’est le second ouvrage inspiré de faits réels que je découvre et, encore une fois, j’ai eu du mal à discerner où s’arrête la réalité et où commence la fiction. Qu’en est-il du caractère des personnages réels comme Carole Lombard, Clark Gable ou encore Selznick ? des anecdotes autour du tournage de Autant en emporte le vent ou sur le couple Lombard/Gable ? De nos jours, seule l’actrice incarnant Mélanie (Olivia de Havilland) est encore en vie ; témoin privilégiée de ce qu’il s’est réellement passé sur le plateau. Je me suis plu à penser que tout était proche de la réalité et j’ai gardé mon téléphone à portée, faisant parfois quelques recherches pour consolider mes connaissances ! Si près des étoiles a pour moi un double intérêt : il permet de faire découvrir un film/livre ainsi que des acteurs peut être méconnus, et il traite les sujets sensibles de l’époque comme l’antisémitisme ou la montée d’Hitler, et notamment la façon dont les américains perçoivent les choses. Je sais que l’on ne peut s’appuyer aveuglément sur une fiction, mais je ressors "instruite" de ma lecture !

J’ai lu Autant en emporte le vent il y a une quinzaine d’années je pense, sur le très vieil exemplaire de ma maman (celui de la photo); peut-être trop jeune à l’époque pour l’apprécier pleinement, j’ai été déçue par la fin et, j’ai lu la "suite" écrite par Alexandra Ripley. J’ai également vu le film mais n’en garde que des bribes de souvenir ; comme toute adaptation cinématographique, tous les éléments du livre n’ont pas pu être repris (à ma grande déception, des éléments essentiels pour la suite d’Alexandra Ripley manquant). Je garde donc un souvenir mitigé de mon expérience Autant en emporte le vent. Pourtant, Kate Alcott a su me donner envie de revoir le film (dont je ne me rappelais absolument pas qu’il durait 3h45 !).

On se retrouve directement propulsé dans une autre époque, ne serait-ce que par le langage employé et les mœurs quelque peu différentes de celles que nous connaissons. Il était tout à fait magique de se retrouver dans l’envers du décor, de découvrir la manière de travailler fort particulière du génie qu’apparait être Selznick. Kate Alcott nous révèle également le dessous des paillettes, la face noire d’Hollywood qui est un monde à part, en dehors de la réalité et où il est très facile de se brûler les ailes. Elle m’a réellement donné envie de visiter un studio (bien que je sois consciente que les tournages de films aujourd’hui n’ont rien à voir avec ce qu’il s’est déroulé en 1939 sur le plateau d’Autant en emporte le vent) et d’assister à la création d’un film, ce moment que nous décrit Julie, où l’acteur cède la place au personnage qu’il incarne avec une facilité déconcertante.

Kate Alcott m’a également permis de découvrir Carole Lombard. Je la connaissais de nom seulement, mais j’ai été totalement séduite par son tempérament, son engagement et sa joie de vivre communicative. Pour autant, elle a la tête sur les épaules et n’est pas naïve pour un sou, au contraire, elle a une vision très réaliste de ce qui l’entoure, mais elle fait ce qu’il faut pour s’en accommoder et en tirer le meilleur. Sa relation avec Clark Gable est vraiment belle. Il va sans dire que je visionnerai sous peu quelques films de l’actrice que j’ai appris à aimer à travers les mots de Kate.

Les personnages de fiction de Si près des étoiles : Julie Crawford, fille d’une riche famille conservatrice qui débarque pour faire carrière en tant que scénariste et Andy Weissner, assistant de Selznick d’origine juive, sont également très réussis. Nous nous attachons instantanément à la jeune-femme qui est prise sous son aile par Andy et surtout Carole. Nous la voyons grandir au fil des jours, ajuster sa vision du monde et s’affirmer dans cet univers masculin où les femmes semblent si peu considérées. Andy, quant à lui, est un homme très respecté à Hollywood malgré ses origines. Je dis malgré car j’ai été surprise de l’antisémitisme régnant aux Etats-Unis ; dans certains états plus que d’autres. Il n’attend rien de personne et a tendance à repousser Julie qui vient d’un autre monde. Hanté par son passé et surtout par la montée d’Hitler en Europe, alors que sa famille vit à Berlin, il essaie par tous les moyens de se rendre utile pour secourir la population juive.

Il était drôle de lire à plusieurs reprise la peur des participants au tournage que le film ne "marche" pas, lorsque l’on sait déjà que ce sera un succès planétaire et qu’encore aujourd’hui on en parle ! J’ai parfois jalousé Julie, d’avoir le privilège de se balader dans le décor du film, de pouvoir assister au tournage de certaines scènes. Ce devait être un spectacle fascinant qu’elle m’a permis, d’un certaine façon, de vivre également.

J’ai également été surprise par le racisme régnant encore en Amérique, la ségrégation existant encore parfois. Certaines personnes, telles que Clark Gable, s’opposait haut et fort à la discrimination envers les noirs, menaçant plusieurs fois de quitter le tournage ou ne pas assister à l’avant-première ; alors que d’autres militaient contre l’intégration des acteurs noirs aux festivités. Quand on sait qu’à côté les associations pour les droits des noirs faisaient pressions pour interdire le mot « nègre » dans le film par exemple, on peut comprendre qu’Autant en emporte le vent était attendu au tournant et qu’il semblait difficile de satisfaire tout le monde. Ce fut un film très controversé qui eut finalement certes des détracteurs mais fit tout de même l’unanimité.

1939. Cette année marque également le début de la seconde guerre mondiale et Kate Alcott l’évoque dans Si près des étoiles. Pourtant, c’est un sujet mineur. En effet, les américains semblaient peu concernés par ce qu’il se passait si loin de chez eux, Hollywood refusant d’en parler à travers ses films, les citoyens se divisant sur la marche à suivre : ne rien faire ou entrer également en guerre. Pour eux, ce n’était clairement pas leur combat, et n’oublions pas l’antisémitisme régnant aux US. J’ai trouvé intéressant d’avoir cette vision que l’on ne voit pas forcément dans les livres d’histoire, et le déchirement d’Andy qui se sent tellement impuissant et incompris.

Kate Alcott clot son roman en nous annonçant ce que sont devenus les différents acteurs et ce qu’elle imagine pour ses personnages de fictions. Une très belle conclusion, qui termine magnifiquement cette parenthèse dans le temps.

Que vous connaissiez ou non Autant en emporte le vent, je pense que Si près des étoiles pourra vous séduire comme il l’a fait avec moi.


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