L'île aux mille sources
Auteur : Sarah Lark
Éditeur : L'Archipel (05/06/2019)
Résumé :
Londres, 1732. Nora, la fille d'un riche négociant, a perdu Simon, son premier amour, avec qui elle rêvait d'horizons lointains. Pour satisfaire ses envies d'exotisme, la jeune femme accepte d'épouser un veuf bien plus âgé qui possède une plantation en Jamaïque. Nora embarque alors pour les Caraïbes, à la découverte d'une île enchanteresse. Mais, bien vite, elle déchante : les conditions de vie des esclaves dans les champs de canne la révoltent. Décidée à faire évoluer les mentalités, Nora pourra compter sur le soutien de Douglas, le fils d'Elias. Mais la révolte gronde, qui pourrait bouleverser à jamais la vie de Nora.
Il y a des choses qu'un être humain ne devrait pas faire, nuança Nora. C'est une question de bien et de mail, pas de Noir et de Blanc.
Avis :
Je me suis embarquée dans L’île aux mille sources (merci Mylène) sans être hyper convaincue par le résumé, j’ai d’ailleurs beaucoup hésité à le demander mais la notion de lutte contre l’esclavage m’a incitée à tenter l’aventure. Je ne le regrette pas une seconde car j’ai été prise toute entière dans le roman de Sarah Lark (même si le début est un peu lent) et c’est vraiment une très très bonne surprise dans laquelle j’ai découvert un condensé d’émotions.
L’héroïne, Nora Reed/Fortman y est pour beaucoup ! C’est une jeune femme épatante, avec des convictions fortes, un peu contraires à ce que pense la bonne société de l’époque (18e siècle). Elle rêve d’aventure et fait fi des différences sociales, abandonnant son confort pour secourir ceux dans le besoin, quel que puisse être le scandale. C’est d’ailleurs cette force de caractère et cette capacité d’adaptation qui lui sauveront la vie.
Malgré ce que l’on pourrait penser à la lecture du résumé, il y a bien une romance ; celle-ci n’est pas le cœur du roman et n’arrive qu’en périphérie, derrière des sujets comme les conditions de vie des esclaves dans les champs de canne à sucre, les marrons, ces esclaves libérés qui se cachent dans les montagnes de Jamaïque ou encore la considération de l’homme blanc envers ses esclaves dont il dit qu'ils n'ont pas d’âme. Bien sûr, certains « propriétaires » sont plus cléments que d’autres, c’est d’ailleurs le cas de Nora qui essaie d’agir à petite échelle sur la plantation de son mari. Mes ces gens semblent rares et sont regardé de travers pas les autres exploitants, même si des méthodes plus humaines semblent plutôt porter leurs fruits.
Autant vous dire qu’il y a pléthore de personnages désagréables voire carrément antipathiques. Tout ne se déroule pas forcément selon les plans de Nora que l’auteure ne la ménage vraiment pas. Pourtant, cette dernière est la gentillesse même et, toujours attachée à son grand amour disparu, vie ses rêves d’aventure et de dépaysement pour deux. Fille de commerçant, elle arrive à améliorer quelque peu les conditions des esclaves de la plantations à force d’argumentaires fort bien tournés. C’est une jeune-femme intelligente et volontaire qui mérite vraiment sa part de bonheur.
Si Sarah Lark ne ménage pas son héroïne, elle ne ménage pas non plus le lecteur. Notre cœur joue les montagnes russes alors que les catastrophes s’enchainent : météorologiques, humaines... Les personnages, poussés par leur propre désir, sont parfois vraiment affreux ; comme les deux esclaves qui furent autrefois proches de Douglas, le beau-fils de Nora : Akwasi et Maanu. L’un et l’autre sont de fortes têtes, aveuglés par leur amour, ou ce qu’ils croient être de l’amour. S’ils ont certes été maltraités et ce, très jeunes, ils reportent leurs griefs vers des personnes « innocentes », de quoi nous révolter un peu !
Et si la victime était pire que le bourreau une fois délivrée ? Ce n’est pas la couleur qui fait le monstre mais ce que l'homme a au fond de lui.
J’ai également beaucoup apprécié le personnage de Douglas, qui, bien que moins présent, a également une vrai force de caractère et une volonté de bien faire et changer les choses. Élevé par une domestique jusqu’à ses 10 ans, il perçoit toute l’injustice de la traite des esclaves et a appris à les considérer comme des hommes à part entière.
L’île aux mille sources nous entraîne dans un voyage fascinant sur une île magnifique, au cœur d’une plantation que l’on visualise parfaitement à travers la plume de Sarah Lark. Amour, trahison, injustice, vengeance… tant de rebondissements qui nous font retenir notre souffle et nous étonnent souvent. Ce moment où l’on comprend que Nora n’est pas morte !!
Au final, si tout est peut-être un peu trop bien qui finit bien (c’est la romance me dit-on, mais le cas Akwasi est quand même un peu énorme), j’ai dévoré ces 464 pages et plus qu’adoré ma lecture. Même si j’ai un eu doute à un moment (la fin approchant sans que les choses ne se dénouent), le second tome concernera bien la prochaine génération et la lecture de l’île aux mille sources se suffit à elle-même.