top of page
Photo du rédacteurClem

Cavale, ça veut dire s'échapper - Cali


Cavale ça veut dire s'échapper

Auteur : Cali

Éditeur : Lizzie (22/08/2019) Édition audio

Résumé :

Un instant, j’ai voulu vous suivre, vous voir, respirer ce que j’aurais dû respirer. Mais je suis resté sur la pente. Et j’ai pleuré, pas fort non, mais ruisselant à l’intérieur. J’entendais des gouttes tomber de très haut, une à une, au fond de mes entrailles déchiquetées. Mon ventre pleurait et mon cœur hurlait, comme quand un cœur hurle à la fin du tout. Est-ce qu’on meurt d’amour ?

J'aime bien les films qui finissent bien, ça change de la vie. Mais il ne fallait surtout pas le dire aux autres ou ils vous prendraient pour une mauviette.

Avis :

Je n’ai jamais été particulièrement fan de Cali. Je le connais de nom, je connais certaines de ses chansons, particulièrement « Je crois que je ne t’aime plus » qui est sortie à l’époque où j’étais encore au lycée. Je n’ai pas non plus lu son premier roman, même si j’en avais également entendu parler, de loin. Ce n’est donc pas le nom de l’auteur qui m’a attiré lorsque j’ai sélectionné Cavale ça veut dire s’échapper lors de la dernière masse critique Babelio. C’est déjà la couverture qui a attiré mon regard et ce résumé qui dit tout et rien à la fois mais qui est tellement poétique qu’il nous envoûte. Le fait que le livre soit proposé en version audio a également fait pencher la balance car, si l’on omet les "j’aime lire" des enfants, je n’avais encore jamais « lu » en audio.

Cet avis sera donc double : sur le fond et la forme. Je commencerai par vous donner mon avis objectif sur le livre audio.

J’ai eu quelques déconvenues avec ce support audio car le CD s’est remis plusieurs fois au début; heureusement, j’avais à peu près mémorisé la piste. Ce qui m’a manqué, par rapport au support papier, c’est le fait de pouvoir revenir facilement en arrière pour retrouver un passage, vérifier un nom ou un événement ; de même, si j’ai apprécié plusieurs citations au cours de mon écoute, je n’ai malheureusement pas pu les noter puisque j’ai écouté l’entièrement du roman en voiture. Quelques petits bémols donc mais dans l’ensemble, j’ai plutôt été charmée par mon expérience. Sur les courts trajets il n’est pas toujours évident de se remettre dans le récit, et il faut rester un minimum attentif pour garder le fil et se laisser nourrir par les mots (pas évident pour moi qui décroche facilement, mon esprit partant dans tous les sens). Je suppose que l’appréciation d’un livre audio vient aussi de la manière dont il est lu et, ici, la narration de Cali est envoûtante.

On ne peut le nier, Cali a un réel talent de conteur et sa voix, légèrement éraillée, est hypnotisante. On se laisse porter par les mots du chanteur qui nous raconte sa propre histoire à travers un récit poétique et imagé. Peu de dialogues mais une narration vivante, qui nous prend à partie. Il nous replonge dans ses souvenirs d’adolescence et ce qui a rythmé son quotidien l'année de ses 15 ans; plus particulièrement le souvenir de son grand amour de jeunesse, celle qui lui a brisé le cœur et la fin de son enfance. A la manière d’un journal ou d’un ami à qui il ne cacherait rien de ce qu’il vit, de ce qu’il ressent, il nous confie à nous, lecteur, l’écho de ses pensées. Pas de temporalité, ses souvenirs coulent, l’un appelant l’autre, guidés par son amour pour Fabienne (à laquelle il ne saura pas se déclarer) sa passion pour la musique et la présente rassurante et constante de ses amis (en particulier Alec qui est comme son frère).

Cali nous renvoie parfois à nos propres expériences, tantôt heureux, tantôt crucifié, il partage un lien privilégié avec ses amis, et le regard qu’il porte à ce qu’ils ont vécu ensemble nous fait entrevoir une relation très forte. Ensemble ils font les 400 coups, des bêtises d’enfant, qui ne portent pas vraiment à conséquence mais qui les font se sentir vivants. Pourtant, le jeune Bruno souffre, il n’est pas heureux entre la guerre à la maison et son amour pour Florence qui le ronge. C’est un écorché vif, tellement peu sûr de lui qu’il n’ose dire à l’objet de ses pensées l’amour immense qu’il éprouve pour elle. Il est hallucinant de voir tout ce qui lui passe par la tête, les films qu’il se fait sur ce qui arriverait si… Les mensonges qu’il sert à Fabienne par peur de se déclarer alors que son cœur lui hurle le contraire. Combien d’actes manqués et de souffrance supplémentaire ? Et elle qui ne voir rien. Ça a un petit côté tragique bien que sans doute sublimé par son regard d'adulte, et on ne peut s’empêcher de penser qu’on a peut-être côtoyé un Bruno.

Heureusement, il y a la musique, omniprésente dans la vie de l’adolescent, la musique qui le sauve, qui lui permet de s’évader et de rêver à travers les images de ses icônes.

Les émotions exacerbées du jeune Bruno nous explosent en plein face ; c’est comme s’il débordait. Sa solitude, son désir profond d’être aimé, le manque de sa maman. Il nous entraîne avec lui, on ressent avec lui.

Lorsque la dernière piste du CD s’est achevée, je me suis dit « déjà ? » ; j’aurai bien fait quelques pas de plus aux côtés de Bruno, appris ce qu’il a vécu une fois sa grande décision prise. J’ai cru comprendre que Même les enfants savent aimer était le récit de son enfance (je vais certainement m’y pencher), je me dis que peut-être Cali nous offrira une suite.

Cerise sur le gâteau sur la version audio, nous avons droit à une chanson inspirée du roman qui clôture plutôt bien Cavale. Les souvenirs, les sentiments, les expériences que l’on a vécu restent quoi qu’on en dise, elles font de nous ce que nous sommes mais nous ne sommes plus les mêmes personnes que nous étions lorsque nous les avons vécu ; « j’espère que tu es heureuse ».


bottom of page