A première vue
Auteur : Colleen Hoover
Éditeur : Hugo poche (10/10/2019)
Résumé :
Merit Voss est une fille un peu bizarre. Elle collectionne, par exemple, des trophées qu'elle n'a pas gagnés. C'est en voulant en acquérir un nouveau dans une brocante qu'elle fait la connaissance d'un séduisant jeune homme : Sagan. Il lui plaît immédiatement mais elle va vite réaliser que l'alchimie qu'elle a perçue entre eux a peu de chances de se développer.
Rien n'est jamais simple dans la famille Voss. Son père et sa mère sont séparés officiellement mais vivent encore sous le même toit, celui d'une église désaffectée. Elle supporte mal l'ambiance qui y règne entre des parents qui semblent l'ignorer et des frères et sœur dont elle se sent de moins en moins proche.Mais le pire est peut-être à venir quand elle découvre que les apparences sont parfois trompeuses.
Quand la vérité se dévoile, lorsque des secrets bien gardés commencent à émerger, Merit est confrontée à une tâche difficile : remettre toutes ses certitudes en question.
Toutes les erreurs n’entraînent pas forcément de conséquences. Parfois, elles n’invitent qu’au pardon.
Avis :
Colleen Hoover est une auteure que j’affectionne beaucoup et, pour moi, une valeur sûre en romance. Au-delà de l’histoire d’amour, elle évoque, dans chacun de ses romans des sujets forts avec un certain talent. Cela faisait un certain temps que je n’avais rien lu de l’auteure, et j’ai eu comme une envie de découvrir l’une de ses dernières parutions ; il se trouve que c’est A première vue (Without Merit en VO) qui s’est présenté.
Je me suis un peu lancée à l’aveugle dans la vie de Merit et sa famille farfelue. J’ai énormément apprécié Merit et son originalité même si, par moment, je n’ai pas compris toutes ses réactions. L’intégralité du récit est de son point de vue, et il est intéressant de voir les vérités fausses ou tronquées que l’on est prêt à accepter sans connaitre tous les faits. C’est ce que j’ai beaucoup aimé dans ce roman : voir le mal qu’un secret ou un non-dit peut faire, sur les interprétations des uns et des autres. Des secrets, chaque membre de cette famille en a, des plus ou moins gros que, pour la plupart, je n’ai pas du tout deviné parce que Colleen Hoover ne nous laisse aucun indice dans ce sens ; nous avons la vision de Merit et c’est tout. Merit qui garde, au détriment de sa santé mentale, les secrets de cette famille qu’elle en est venue à détester car elle leur reproche à tous quelque chose. Merit qui est à la fois excessive et introvertie, si bien qu’elle intériorise tout et que ça fermente…
Si, dans un premier temps, j’ai trouvé le récit moins profond que ce à quoi m’avait habitué Colleen Hoover, je n’ai pas vu défiler les pages et surtout, j’ai été énormément touchée par les états d’âme de Merit ; Colleen a ce pouvoir de tellement bien investir ses personnages qu’à un moment, j’ai presque fait corps avec l’adolescente dont je ressentais tout le désarroi, toute l’injustice de son statut social, et tout l’isolement qu’elle s’imposait ainsi. Quelquefois, j’ai eu les yeux humides.
Les habitants de l’ancienne église sont tous extrêmement originaux ; cette famille recomposée, pas tout à fait décomposée mais complètement dysfonctionnelle parce que…
On a un peu l’impression d’avoir atterri dans un cirque, tellement loin de la « normalité » à laquelle Merit tient tant. Il y a un chien, un pasteur, une infirmière qui a piqué le mari de sa patiente et des idées très arrêtées sur l’éducation de son fils, une agoraphobe, une nécrophile, un gars qui se balade en kilt, un amoureux de la discipline et des citations, un père sans autorité aucune, un enfant qui porte un nom de baleine et un dessinateur morbide. Alors, ça vous donne envie ? Si c’est un peu loufoque par moment, c’est également une leçon de vie ; ça parle du véritable « problème » de Merit, que l’on ne découvre que tardivement et ça parle surtout de la confiance et de l’ouverture aux autres, de l’importance extrême de communiquer (cacher des choses pour protéger les autres, ça ne fonctionne pas), ça parle d’acceptation et de perspective. Il n’y a pas de seuil de gravité aux problèmes, chaque difficulté est importante mais d’un individu à l’autre, le seuil de tolérance est simplement différent.
La lecture est fluide, les chapitres très longs mais ça passe tout seul, les dialogues au top (naturels, marrants parfois, émouvants et profonds) et l’alchimie entre les personnages (je ne vous dis pas lesquels hein) presque palpable. Colleen Hoover arrive si facilement à transmettre des sentiments et faire passer des messages. De tolérance aussi.
Le seul petit bémol est peut-être la facilité avec laquelle les choses « s’arrangent ». Le trop peu que l’on a par rapport au nombre de personnages. On aurait presque envie, de jeter un petit coup d’œil à Dollar Voss (c’est le nom de la maison) quelques années plus tard pour voir où tout le monde en est. Avec Merit bien sûr.