Belle assassine
Auteur : Angel Arekin
Editeur : Black Ink Editions (29/10/2024)
508 pages
Résumé :
Il était une fois…
…au lugubre manoir Winterness, le meurtre étrange de l’épouse d’un producteur de cinéma, dont la mise en scène rappelle de vieux contes pour enfants.
L’inspecteur Jensen Caldwell, aussi taciturne que solitaire, est chargé de l’affaire. Très vite, ses soupçons se portent sur la sublime et rusée Medora Keenan, célèbre actrice que les fans se disputent, mais aussi belle-fille de la victime.
Au fur et à mesure qu’il avance dans ses investigations, il développe envers Medora une violente attirance dont elle use et abuse, si bien qu’il ignore si elle se sert de lui pour contrôler l’enquête ou si elle est réellement tombée sous son charme.
Un jeu immoral se façonne entre eux, tandis que les cadavres s'accumulent...
À chaque meurtre, un autre conte. Et de nouvelles suspicions qui poussent Jensen à croire qu’il est en train de tomber amoureux d’un monstre…
Tu sais aussi bien que moi que les démons n'ont pas besoin d'être invoqués, ils sont déjà là. Les humains portent des masques pour dissimuler leur monstruosité, il n'y a pas besoin d'enfer dans l'autre monde, nous y sommes déjà.
Avis :
La couverture de Belle assassine attire le regard comme un aimant et le nom de l'autrice nous incite à tourner les pages de ce roman qui fait aussi peur qu'il fascine. Il renferme le genre d'histoire à laquelle je n'étais pas certaine d'adhérer puisqu'il s'y joue, comme l'annonce le résumé, un jeu immoral.
Angel Arekin est toujours aussi talentueuse lorsqu'il s'agit d'envouter son lecteur; telle une orfèvre, elle travaille son œuvre avec finesse et poésie. Sa prose se lit avec fluidité et gourmandise, il y a vraiment un côté très addictif. Là où je suis plus partagée, c'est sur le comportement des personnages. Même si, lorsqu'on ouvre Belle assassine, on est prévenu, que ce soit par le résumé ou le message d'avertissement qui introduit le roman. Quand je dis que je suis partagée, c'est parce que je me suis retrouvé à apprécier des personnages malsains ou qui ont un comportement nocif. La lecture a probablement cet effet d'édulcorer les choses (pour ma part en tout cas): on sait que ce genre de conduite dans la vraie vie est inacceptable mais ici on trouve des excuses (comme le passif des personnages par exemple) et on passe outre, sans pouvoir s'empêcher de s'attacher aux personnages et d'espérer une sorte de rédemption. Cela a eu pour effet de me faire ressentir un certain malaise à la lecture; malaise accentué par la direction que semblait prendre l'intrigue. Par les sentiments tout aussi partagés, pour ne pas dire contradictoires, qui étreignent Jensen (le flic canon). Par l'attente d'un retournement de situation (comme je sais qu'Angel les fait si bien) que je n'étais pas sûre de voir venir.
Cette lecture, ça a un peu été des montagne russes avec, toujours, ce nœud au creux de l'estomac. Avec, ses découvertes qui font froid dans le dos et nous laissent, l'espace d'un instant, approuver le sort réservé aux protagonistes. Belle assassine, c'est un manoir, ce sont des secrets et toute une ambiance creepy. Chose assez rare, c'est le personnage masculin qui a le plus souvent la parole dans cette alternance de points de vue. Comme souvent, Angel Arekin nous retourne le cerceau avec ses héros cabossés, à la limite de la folie. L'autrice introduit rapidement de courts chapitres au cours desquels nous avons une vision partagée avec l'assassin. A travers ces passages, elle nous oriente vers un personnages en particulier. Pour ma part, peut-être parce que je connais un peu Angel, je ne me suis pas arrêtée à ces premières impressions; j'ai même eu un début de piste intéressante. Et puis, l'autrice prend une autre direction que celle que j'attendais, une direction qui ne me satisfaisait qu'à moitié, me semblant trop évidente. C'est donc avec impatience et appréhension que j'ai découvert les derniers chapitres (qui me donnent en partie raison); j'avoue avoir été agréablement surprise, même si il y a eu cette impression que ça ne collait pas avec un chapitre en particulier. Chapitre que j'ai relu deux fois par la suite et que je n'arrive toujours pas à faire cadrer. Ce petit détail mis à part, l'intrigue, dans sa globalité, m'a tenue en haleine jusqu'au bout.
J'ai adoré les personnages dans toute leur aliénation autant qu'ils m'ont agacée. Mention est peut-être un peu trop souvent faire à leurs plastiques respectives frôlant la perfection mais j'ai aimé cette opposition avec ce qu'ils cachent à l'intérieur. J'ai aimé les liens entre Jensen et son frère, entre Jensen et son mentor; qui se posent tous deux en protecteur mais ne parviennent pas à le comprendre vraiment. J'ai aimé les doutes qui saisissent Médora et Jensen. J'ai aimé l'omerta, les secrets de famille et les actions, toujours justifiées, même pas des idées tordues, des personnages.
Angel Arekin, avec son écriture si particulière et sa façon de modeler des personnages attachants malgré leurs failles ou leurs déviances, arrive encore une fois à me faire apprécier un texte borderline, tellement loin de mon seuil de tolérance.
Parce que c'est le propre de l'homme. Il est ainsi fait. Ça ne sert à rien de chercher à décortiquer plus loin. Tu as des gens bien, pourvu d'une intégrité et d'une grande gentillesse, des cons et des gens à mi-chemin, et tu as des êtres dépourvus d'âme. On la leur a broyée dans leur enfance. C'est le résultat de nos propres sociétés, de nos éducations, de nos cultures. Nous créons nos monstres Jensen.
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