Dans mon sang, la grenade
Auteur : Léa Volène
Editeur : L'ARCHIPEL (22/02/2024)
405 pages
Résumé :
Tout commence par un accident. En pleine fête d'anniversaire, Pierre Gavoi est percuté par une voiture. Les seuls témoins sont Pelaguie, sa femme, et trois de ses amies.
Cinq mois plus tôt, Noémie, Maëlle et Ania construisent leur vie, en se débattant dans un quotidien aux multiples injonctions. Dans la rue des écoles, il y a ce qu'elles montrent et ce qu'elles camouflent. Jusqu'au jour où un nouveau couple emménage dans la plus grande maison de la rue : Pelaguie et Pierre Gavoi.
Alors que les liens d'amitié se tissent entre les quatre femmes, Pierre semble être l'homme qui perturbe leur équilibre. Un lien invisible unirait-il chacune de ces femmes à cet homme ? Et s'il était la goupille qui fera exploser leur grenade ?
Mais enfin, Ma, tout le monde ment ! Tout le monde montre ce qu'il a envie de montrer de sa vie.
Avis :
Est-ce qu'à la lecture de ce roman on a la chanson de Clara Luciani dans la tête ? Totalement. D'autant plus que l'autrice y fait plusieurs fois référence. En tapant ces lignes, elle n'est toujours pas sortie (de ma tête, la chanson). Au delà de la musique (très présente puisque Noémie est professeur de musique), j'ai beaucoup aimé cette évocation de grenade, de pépin, d'explosion. Tout ce champ lexical associé, cette histoire construite autour. Tout est dans le détail dans ce roman de Léa Volène.
Dans mon sang, la grenade est un roman à la fois léger et sérieux. Il dresse une ambiance à priori paisible et réconfortante puisque nous suivons la vie de deux meilleures amies : Noémie et Maëlle, leur relation quasi-fusionnelle, ce lien qui semble se consolider avec le temps. A ce duo, viennent se greffer deux autres femmes : Ania et Pélaguie, vivant toutes deux dans la même rue que Noémie. Pourtant, sous cette jolie couverture se cache un roman résolument féministe qui aborde des sujets importants, et en particulier celui du consentement.
Léa Volène signe une histoire fluide et percutante. Elle tisse son intrigue autour de ces quatre femmes que tout oppose (ou presque) mais qui ont pourtant en commun leur condition de femme et surtout, un secret qu'elles n'avoueraient à aucun prix. Il n'y a pas réellement de suspense, oui, on voit venir de loin le secret de Noémie mais là n'est pas l'enjeu du roman et cela n'enlève rien à l'addictivité de la lecture. Le récit met bien en évidence le gouffre qu'il peut y avoir entre ce que l'on montre et ce qu'il se passe réellement derrière les portes de la maison, ou ce que l'on ressent véritablement en son for intérieur. Personnellement, certaines situations m'ont énormément parlé.
Les protagonistes ne sont pas forcément attachantes au premier abord, notamment Pélaguie, mais il faut savoir gratter pour appréhender pleinement la nature profonde des autres. Chacun a ses propres combats, ses failles que l'on ne peut souvent pas deviner d'un simple coup d'œil. Au final, le roman de Léa est rempli de choses évidentes, qui peuvent couler de source pour certains, mais qu'il est vraiment bon de rappeler. Et elle énonce ces choses évidentes avec justesse et bienveillance.
Je pense que Pélaguie est celle qui m'a le plus marquée. Elle a renoncé à tellement de choses, sans forcément s'en apercevoir, qu'elle ne vit plus pour elle mais pour les autres. La prise de conscience est difficile. Comment remettre en question des années de conditionnement. Le parcours de vie d'Ania est également criant de réalisme : une vie à se conformer aux règles pour se retrouver dans une situation injuste et une vision de l'avenir mensongère.
Dans mon sang, la grenade c'est de l'amitié, c'est le choix de sa destinée, c'est du partage, du soutien, c'est ce que l'on souhaite transmettre, aux autres, à ses propres enfants, c'est une vision résolument optimiste de la vie, malgré les difficultés que l'on peut rencontrer, c'est l'importance d'être bien entouré, d'accepter l'aide qu'on nous donne et surtout, de s'écouter. La dernière lettre de Noémie m'a particulièrement émue, elle en a fait du chemin depuis la première entrée de son journal de grossesse.
Si le devenir d'un personnage en particulier m'a révoltée : celui qui poursuit sa vie comme si de rien n'était... il ajoute un accent de réalisme au récit de Léa parce que malheureusement, dans la vraie vie c'est souvent comme ça. Dans mon sang, la grenade a des airs (et des refrains - pardon -) de la vraie vie : ça pourrait être nous, notre voisin ou notre sœur. Et c'est sans doute pour ça qu'il m'a tellement plu.
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