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Esclave de la liberté - Idelfonso Falcones

Photo du rédacteur: ClemClem

Esclave de la liberté

Auteur : Ildefonso Falcones

Editeur : L'Archipel (20/02/2025)

600 pages

Résumé :

Cuba, 1856.

Un bateau où sept cents femmes et enfants ont été entassés accoste sur l'île. Parmi ces esclaves venus d'Afrique, Kaweka, onze ans, rejoint la plantation du marquis de Santadoma, où il se murmure bien vite qu'elle peut communiquer avec la déesse Yemaya. Une intercession qui lui donnera un jour la force d'encourager les siens à se rebeller contre leurs oppresseurs ?

Madrid, de nos jours. Lita, métisse de vingt-huit ans, est la fille de Concepción – gouvernante qui a passé sa vie au service des Santadoma. Bientôt, la jeune femme, qui a accepté à contrecœur un poste dans leur banque, met au jour un secret de famille en découvrant les origines de leur fortune.

Déterminée à réparer les injustices du passé, elle s'engage dans une longue bataille pour que sa mère et toutes les femmes ayant sacrifié leur vie au service des puissants obtiennent réparation.

Près de deux siècles séparent Lita de Kaweka. Un lien les unit, une même soif de justice et de liberté les anime…


Avis :

Il y a une vie, j'ai lu La cathédrale de la mer d'Idelfonso Falcones et, s'il ne m'en reste pas un souvenir poussé (je ne me rappelle pas du nom des personnages par exemple), j'en garde une bonne impression générale; d'ailleurs, Les révoltés de Courdoue, qui dort dans ma bibliothèque depuis trop longtemps, est la preuve que l'écriture de l'auteur m'avait séduite. Ainsi, son simple nom a suffit à me donner envie de découvrir Esclave de la liberté.

Ce roman est un bon gros bébé, et le simple fait d'en arriver au bout, dans un temps relativement court, est pour moi, gage des qualités narratives de l'auteur. En effet, son récit est prenant et il arrive à introduire énormément d'éléments historiques de manière très pédagogue. La description de la situation géopolitique de la fin du XIXème siècle, comme les montages financiers du début du XXème sont fondus dans le texte et vulgarisés afin d'en permettre une bonne compréhension. Les chapitres (ceux du passé surtout) sont parfois un peu longs mais je m'en suis rarement rendu compte.

N'ayant pas lu le résumé au préalable, je me suis laissée surprendre par la première incursion en 2017, ne m'attendant pas du tout à une histoire sur deux époques parallèles. Pourtant, je me suis rapidement attachée à Lita et Concepción et ai ressenti autant de frustration à rebasculer dans le passé que dans le futur. A mesure que nous découvrons les destins de ces femmes noires ou mulâtresses, que le lien qui les unit se précise, le lecteur n'a de cesse de chercher à comprendre de quelle manière Lita se retrouve là où elle est. A mesure que l'on se rend compte des difficultés que rencontrent, aujourd'hui encore, les afro descendants, je n'ai pas pu m'empêcher de réfléchir au nombres de cadres ou de directeurs d'entreprises noirs dans mon entourage par rapport aux blancs; je n'ai pas pu m'empêcher de constater que, comme l'affirme l'ONU, "le racisme continue encore d'imprégner les institutions, les structures sociales et la vie quotidienne dans toutes les sociétés".

Je ne suis sans doute pas la mieux placée pour porter un jugement sur une situation que je n'ai jamais vécue, étant moi-même blanche et issue d'un milieu favorisé; ainsi je me contenterai de vous faire état de ce que j'ai ressenti lors de ma lecture et qui se traduit majoritairement par une grande révolte et un dégoût de l'être humain.

Le roman d'Idelfonso Falcones est extrêmement dur, je pense qu'il faut en avoir conscience avant d'en débuter la lecture. Il traite de l'exploitation d'êtres humains et ce n'est pas une fiction. Certaines scènes sont très crues voire choquantes et l'auteur introduit un aspect mystique qui peut être très dérangeant. Effectivement, il le met en avant lorsqu'il s'adresse au lecture en fin de roman, la religion yoruba était une composante essentielle de la vie des esclaves cubain. Les liens avec la divinité sont très complexes et l'histoire de Kaweka est en l'illustration même. Je me suis d'ailleurs fait la réflexion suivante au cours de ma lecture : "elle passe de l'esclavage de l'homme à l'esclavage des orishas".

Sous couvert d'évangélisation, les riches propriétaires, blancs, exploitaient les noirs de leurs plantations, les faisant trimer plus dur que les animaux qui étaient mieux soignés qu'eux. L'auteur fait ressortir toute l'atrocité des faits, et il y a une réflexion en particulier qui m'a marqué "les faire travailler pour ne pas qu'ils pensent car s'ils pensent, ils pourront songer à se rebeller". Alors on les fait chanter dans la plantation et on leur fait déplacer des meubles d'une maison à l'autre, pour qu'ils restent occupés, lorsque ce n'est pas la saison des récoltes. Le personnage du marquis de Santadoma fait réellement figure de monstre qui considère ces hommes, femmes et enfants, comme sa propriété, comme des insectes insignifiants sur lesquels il a droit de vie et de mort.

Kaweka ressent toute cette injustice mais aussi toute cette fatalité. Choisie par les dieux, elle n'aura de cesse de libérer ses frères du joug des blancs. Malheureusement, son chemin est semé d'embûches et ses chances de réussites sont si minces. Que l'homme soit blanc ou noir, il a ce fond d'égoïsme qui le fait considérer sa propre vie avant celle des autres; là où la jeune femme se bat de manière désintéressée non pas pour sa propre liberté mais pour celle de tous les esclaves de l'île, d'autres ne songent qu'à s'enrichir et gagner en pouvoir.

Le climat de violence est omniprésent et le respect, gagné à force de courage, peut-être détruit d'un claquement de doigt. Il est effrayant de constater avec quelle rapidité l'homme est prompt à retourner sa veste et aller dans le sens du vent. L'histoire de Kaweka, comme celle de millions d'autres, est profondément injuste.

Je suis en train de m'embourber dans un avis sans queue ni tête dans lequel, transparait tout de même, je l'espère les sentiments bouillonnants qu'a éveillé chez moi le roman d'Idelfonso Falcones. Pour faire simple, à travers ses deux héroïnes, qu'environ 160 ans séparent, l'auteur rappelle que l'abolition de l'esclavage n'est pas si ancienne que ça, comme on pourrait avoir tendance à le penser. Il souligne le fait que certaines fortunes se sont construites dans le sang d'être humains et qu'aujourd'hui encore, certains estiment valoir plus que d'autres. Kaweka comme Lita ont soif de justice; ce sont des héroïnes fortes tournées vers les autres (même si ce n'est pas forcément le cas de Lita au départ) et il est plaisant de constater que parfois, le plus fort n'est pas toujours le vainqueur.

Je vous laisse avec ça, espérant vous avoir convaincu, à vos risques et périls.

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