La mort à nu - Simon Beckett

La mort à nu

Une Enquête de David Hunter tome 1 sur 4

Auteur : Simon Beckett

Editeur : Archipoche (13/11/2025)

395 pages

Résumé :

Sally Palmer, Londonienne venue se reposer dans le charmant village de Manham, est retrouvée morte près d'un marécage, le corps dévoré par les vers.

A-t-elle été victime de l'hostilité des villageois à l'égard des "étrangers" ?

La police fait appel à David Hunter, médecin légiste à la retraite. Il doit faire parler le cadavre, avant que le tueur ne récidive…

Avis :

Mon choix s'est porté un peu par hasard sur cette première enquête de David Hunter. Je n'en avais jamais entendu parler et je dois avouer que je n'avais aucune attente particulière au sujet de cette lecture. Pourtant, je crois qu'il s'agit d'une série assez connue qui n'est est pas à sa première édition ! Et ce fut une excellente découverte; j'ai vraiment été séduite, tant par la personnage de David, que par son expertise d'anthropologue et sa manière de raconter l'histoire. J'ai adoré l'enquête criminelle que nous concocte Simon Beckett, sur fond d'ambiance rurale qui donne l'impression de plonger des années en arrière, dans un village où tout le monde se connait et au sein duquel les étrangers ne sont pas les bienvenus.

Immersion totale dans l'Angleterre profonde, là où David s'est retiré après le drame qui l'a frappé. Le premier chapitre plonge directement dans l'ambiance de ce roman noir puisque nous assistons à la découverte d'un corps, par des enfants qui rejoignent leurs copains pour se rafraichir en cette chaude journée de juillet. Un peu à la manière d'un série policière télévisée. Simon Beckett nous décrit de manière scientifique l'état de décomposition du corps ainsi que les faits et gestes des enfants, ce qui les poussent à suivre des larves, comment ils réagissent à la vue du corps… c'est une écriture un peu impersonnelle, qui expose des faits passés tout en faisant référence au futur et aux éventuelles implications. David en est le narrateur, il revient sur son arrivée, des années auparavant, dans le petit village de Manham et sur la manière dont il s'est retrouvé impliqué dans la résolution de l'affaire criminelle qui nous occupe, un peu contre son gré.

A travers la mort à nu, nous découvrons les compétences de David Hunter, l'un des plus grands experts d'Angleterre dans son domaine. Pourtant, il a tout mis de côté et se consacre au métier de médecin généraliste de campagne, appréciant sa solitude. Malgré lui, il va devoir replonger dans son passé et affronter ses démons pour aider la police à identifier le tueur qui bouscule son village d'adoption. Village qui ne l'a d'ailleurs toujours pas accepté autrement que comme un étranger, puisque les mentalités y sont un peu étroites envers quiconque n'est pas natif du coin. De nombreux parallèles sont faits entre avant et après, Londres et la campagne, l'effervescence et le calme, le danger de la ville et la sécurité attendue de la campagne. Malheureusement, nous constatons rapidement que cette dernière ne s'avère guère plus sûre et que la folie est partout.

Le roman date de 2006, les téléphones portables sont déjà utilisés mais l'on retrouve aussi des téléphones fixe et l'austérité de la campagne créant un décalage avec la modernité nous donne l'impression d'un voyage encore plus grand dans le temps. Le récit est à la fois centré sur le personnage de David et son combat intérieur, et l'impact de la présence d'un tueur dans le village. Outre David Hunter, nous suivons des jeunes femmes dans leur vie quotidienne, notons les moments marquants qui, avec le recul du narrateur, s'ils avaient été relevés, auraient pu empêcher le pire. C'est un peu comme un décompte macabre contre lequel on ne peut rien et c'est légèrement anxiogène.

A Manham, les rivalités s'exacerbent dans un climat de crainte; le tueur est forcément quelqu'un que tout le monde connait et les voisins commencent rapidement à se regarder avec suspicion. D'autant plus qu'il y a toujours un quidam pour animer l'étincelle de haine qui fera commettre le pire. Cette effet de foule est assez effrayant.

Simon Beckett décrit de manière très convaincante l'impact de ce drame sur le petit village et arrive à nous surprendre jusqu'à la fin lorsque l'on a enfin une vision globale de la situation. Les esprits s'échauffent, les langues se délient (pas devant n'importe qui), les secrets se dévoilent. Les investigations de Hunter et la manière dont il arrive à "faire parler" les corps en utilisant, entre autre, les insectes sont particulièrement intéressantes. Le tout est vraiment addictif; l'auteur ménage son suspense jusqu'à la toute fin et donne indubitablement envie de retrouver David Hunter après cette première enquête.