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Et je t'ai entendu sourire - Tia Wolff

  • Photo du rédacteur: Clem
    Clem
  • 21 sept.
  • 4 min de lecture

Et je t'ai entendu sourire

Auteur : Tia Wolff

Editeur : Tia Wolff (29/04/2025)

426 pages

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Résumé :

Après avoir eu la force de mettre fin à une relation toxique, Lucie s’envole vers New York pour rencontrer un agent littéraire et passer quelques semaines loin de sa vie parisienne.

Cependant claquer la porte ne suffit pas à guérir les blessures du passé. Alors quand son chemin croise celui d’Andrew, un photographe reporter qui parcourt le monde sans relâche, c’est trop tôt. Beaucoup trop tôt. Leur relation va être marquée par ces fantômes que Lucie pensait avoir laissés derrière elle.

En noir et blanc dans ses clichés à lui, en couleur dans ses mots à elle, leur histoire va évoluer au fil des années. Lucie va apprendre à faire confiance et à se reconstruire à son rythme malgré les épreuves.


On attend des gens qui ont vécu une épreuve qu'ils se relèvent tout de suite et continuent leur vie comme si tout allait bien. Mais la réalité est tout autre. Se reconstruire peut prendre du temps et il ne faut surtout pas le négliger ou faire semblant. Je l'avais enfin compris. Si on va trop vite, la vie trouvera toujours un moyen de nous mettre le nez dans ce qu'on voudrait dissimuler sous le tapis.
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Avis :

Il y a quelques années, j'ai découvert Tia Wolff grâce aux réseaux sociaux et à son roman de fantasy adolescente : Anthéa; depuis un moment, j'avais l'envie de découvrir ses autres récits, et en particulier Et je t'ai entendu sourire. Sa réédition ainsi que celle de A nos silences effrontés au format relié dans de jolis tons pastels était l'occasion que j'attendais.

Je me suis plongée dans l'histoire de Lucie un peu comme on rencontre un nouvel ami : sans attentes mais avec curiosité. A la manière de sa rencontre avec Andrew, un peu comme une collision, dans un aéroport ou ailleurs. Je me suis laissée porter par la douce plume de Tia qui, pour l'occasion, la cède à son héroïne. Cette héroïne qui raconte une histoire, en disant "tu", en se remémorant différents moments de son existence. On le comprend très vite, ce "tu" s'adresse à Andrew, l'homme qui l'a percutée à son arrivée à l'aéroport de New-York, alors qu'elle fuyait son ancienne vie. J'avoue avoir suivi la rétrospective des moments clés évoquée par Lucy sans trop me poser de questions, juste avec le plaisir de découvrir cette revue du passé. Jusqu'au moment où je me suis demandée pourquoi elle s'adressait à Andrew, pourquoi elle avait besoin de revivre tous ces souvenirs et que je comprenne que ça n'allait pas me plaire. Effectivement, ça ne m'a pas plu et, comme je l'ai dit à une amie à qui j'avait confié que je comptais terminer ma lecture : "Je n'ai pas encore fini mon livre, c'est lui qui m'a finie".

La force de ce texte c'est son autrice et les émotions qu'elle transmet à travers ses personnages. A travers ce roman contemplatif, Tia Wolff explore les blessures invisibles, celle qui sont laissées par les paroles et les actes, non pas par les poings. Celles, plus pernicieuses, qui tracent leur chemin pour s'ancrer profondément. Elle parle du processus de reconstruction long et difficile, de l'emprise qui existe encore, alors qu'on la croyait éteinte. Elle parle des difficultés à croire à nouveau en l'être humain, de la perte de confiance en soi, du chemin semé d'embûches, de la difficulté à reconnaitre une relation saine. Mais Et je t'ai entendu sourire, c'est aussi une très belle histoire d'amitié, la détresse des amis impuissants face à une situation donnée, la culpabilité de n'avoir rien vu.

C'est un roman tout doux et pourtant dur par les sujets qu'il évoque. C'est un roman qui parle de la vie, des gens qui changent, des chemins qui se séparent ou encore de ceux qui se recroisent irrémédiablement. Des destins emmêlés, du besoin de faire la route seul(e). De toutes les difficultés de la vie en société. Des questions, parfois intempestives, qui s'imposent et font douter.

Tia crée des personnages humains et réalistes, bienveillants, attachants. Le récit est lent, peut-être un peu trop parfois, mais il est à l'image de Lucy, délicat et fort; il prend son temps. Cela ne l'en rend que plus réel car, comme elle le dit si bien "On attend des gens qui ont vécu une épreuve qu'ils se relèvent tout de suite et continuent leur vie comme si tout allait bien. Mais la réalité est tout autre. Se reconstruire peut prendre du temps et il ne faut surtout pas le négliger ou faire semblant." Chacun avance à son propre rythme.

Entre Paris et New-York (principalement), entre écriture et photographie, Et je t'ai entendu sourire mêle voyage et création. Aventure physique et aventure de papier. A travers un ballet alternant pas en avant et saut en arrière, nous assistons à la naissance de la relation entre Lucy et Andrew, nous découvrons un homme patient et attentionné, prêt à renoncer à l'amour de sa vie si c'est qu'il y a de mieux pour elle. Nous entrevoyons les carapaces qui se fissurent, les modes de vie incompatibles, le bonheur d'être ensemble malgré tout et toujours les questionnements. Nous découvrons une Lucy sensible et altruiste, qui agit non pas pour être reconnue mais pour aider. Nous intégrons une bande d'amis disparates mais unis envers et contre tout, chacun avec sa propre pudeur.

Si l'on termine le roman de Tia Wolff en pleurs et le cœur brisé, on reste hanté par les émotions positives qu'il dégage et on apprécie particulièrement les chapitres bonus du point de vue d'Andrew

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