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Fleurs de feu - Sarah Lark

Fleurs de feu

Auteur : Sarah Lark

Éditeur : L'ARCHIPEL (12/05/2021)

639 pages

Résumé :

1837. L’espoir d’une vie meilleure pousse Ida et ses parents à partir à l’autre bout du monde, en Nouvelle-Zélande. Quand leur navire, accoste enfin au sud de l’île, les colons s’installent dans un village de pêcheurs. Et Ida déchante.

Non seulement est-elle mariée de force à un homme qui se révèle brutal, mais la vie, au sein de cette communauté rigoriste, y est tout aussi dure qu’en Europe.

Par chance, Ida se lie avec Cat, qui n’a pas non plus été épargnée par le destin. Les deux jeunes femmes vont dès lors se soutenir. Et, qui sait, trouver enfin le bonheur…


Avis :

J'avais beaucoup aimé L'île aux mille sources, de la même auteure, et ce nouveau roman, nous conduisant jusqu'en Nouvelle-Zélande, m'a tout de suite attirée, que ce soit avec son résumé succinct ou avec sa couverture si colorée.

Je ressors de ma lecture avec des images plein la tête, l'estomac encore noué par l'appréhension et surtout, un beau coup de cœur pour cette épopée romanesque du début du 19e siècle. Une écriture fluide, entrainante; une plume qui nous accroche et ne nous lâche plus, faisant un vrai plaisir de la lecture de ces quelques 639 pages que l'on ne voit pas passer.

Le roman de Sarah Lark se découpe en plusieurs parties, étalées dans le temps, qui marquent chacune un changement important dans la vie des personnages. Ces derniers sont très nombreux puisque nous suivons, dès le départ, une communauté Luthérienne qui fait le choix de changer de pays, poussée par des rêves de grandeur. Pourtant, quelques personnages se détachent dès le départ des autres : Ida, cette jeune-femme très pieuse, élevée dans le respect de sa condition, qui a dû, très jeune, se charger de la gestion du ménage de son père suite au décès de sa mère; Karl, ce jeune journalier, intelligent et travailleur, qui ne rechigne pas à la tâche et possède une capacité d'adaptation hors du commun; Cat, cette enfant plongée dès son plus jeune âge dans le monde de la prostitution, qui n'aura de cesse de ne finir comme ça mère; Ottfried, ce jeun-homme borné, avec un poil dans la main, qui avait pourtant tout pour réussir, mais dont l'égo est si développé qu'il ne peut s'abaisser à donner de sa personne; Jane, cette jeune-femme corpulente, brillante quand il s'agit de gérer une affaire, mais brimée par sa condition de femme et enfin Chris, ce jeune-interprète qui apprendra à ses dépends que ce qui compte ce n'est pas la terre mais l'humain.

Dans sa note de fin de roman (que je vous déconseille de lire avant de l'avoir terminé), l'auteure nous parle de ses recherches, des faits historiques auxquels se rapporte son récit, de ce qu'elle a pu vérifier et ce qu'elle a extrapolé. Ce genre de chose si intéressant qui permet de donner corps au roman et d'en apprendre plus sur une Histoire que l'on ne connait pas forcément.

J'ai trouvé extrêmement intéressant la mise en parallèle du mode de vie des pakehas (les hommes blanc, principalement d'origine anglo-saxonne) et celui des maoris. Les maoris, ces indigènes polynésiens qui se sont installés en Nouvelle-Zélande avant les Européens, et qui sont considérés comme des sauvages par ces derniers. Pourtant, l'homme blanc ne considère pas la femme, se croit béni (et tout permis) de dieu et fait commerce de ses semblables dans des bordels; alors que les maoris accordent la même importance à la parole d'un homme et d'une femme, communient avec la nature et vivent, malgré les idées reçues, dans des habitations semblables à celles des blancs. Dans ces conditions, la lectrice moderne que je suis s'est vraiment posé la question de qui étaient les sauvages !

Sarah Lark nous parle des croyances des maoris, de certaines de leurs légendes et, particulièrement de Maui (oui oui, le même que dans Vaiana) qui a apporté la lumière aux hommes ou a créé les îles. Elle nous parle aussi, à travers Ida, sa tenue traditionnelle et sa grande soumission, des coutumes luthériennes. Ida, dans ses prières, ne pourra jamais demander plus que ce dont elle pense avoir le droit. Sa grande piété et sa dévotion envers son mari semblent parfois difficiles à comprendre quand on voit ce à quoi elle est confrontée; pourtant, Sarah Lark arrive à le transcrire de manière frappante.

Fleurs de feu c'est le destin d'hommes et de femmes qui se suivent, se croisent et s'entrechoquent, guidés par leurs croyances et leur soif d'apprendre. C'est un récit captivant, révoltant parfois, au cours duquel on espère de tout cœur que la roue tourne et que certains soient enfin punis pour leurs mauvaises actions. Mais c'est aussi, à travers les épreuves, une belle leçon de courage, d'amitié et d'amour.


Un roman magnifique qui, en plus de m'embarquer sur des terres inconnues, aura su me faire découvrir la vie d'hommes et de femmes d'un autre temps.

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