L'invitée surprise - Alison Espach

L'invitée surprise

Auteur : Alison Espach

Editeur : Charleston (22/08/2025)

474 pages

Résumé :

Cet hôtel, le Cornwall Inn, Phoebe en a rêvé avec son mari. Mais elle est seule quand elle descend du taxi, sans bagages, dans la magnifique robe de soie vert émeraude qu’elle n’a jamais osé porter. Si elle a vécu sans éclat, elle mourra avec panache. Tout est prévu, de la promenade sur la plage au coucher du soleil au plateau de fruits de mer, en passant par la crème brûlée et la boîte de comprimés… Tout, sauf un détail : l’hôtel est entièrement réservé pour un mariage grandiose, une semaine de festivités. Et la mariée ne laissera personne gâcher son grand jour.

Avis :

Comme d'habitude avec le comité de lecture Cultura, pas de couverture, pas de résumé, juste un titre, énigmatique, une maison d'édition et un post-it (laissé par une autre lectrice) : "Beaucoup d'humour, drôle mais aussi un hymne à la vie. A lire…" c'est ce qui m'a convaincue de découvrir L'invitée surprise. Mais visiblement, je n'ai pas eu la même perception que la lectrice précédente.

Effectivement, je le reconnais, il y a de l'humour. De l'humour un peu pince sans rire, sans doute ce que l'on peut qualifier de flegme britannique. Il y a des dialogues à la fois plats et pourtant coulant de source, des réponses au tac au tac que seuls les personnages peuvent comprendre. Oui mais. Oui mais cela ne m'a pas suffit, j'ai trouvé des longueurs (j'avoue avoir lu quelques passages en diagonale) et énormément de situations/personnages absurdes qui sont, bien entendu, volontaires, pour grossir le trait mais alourdissent surtout le récit.

Malgré tout, le personnage de Phoebe est très intéressant. Cette quadragénaire (c'est approximativement l'âge que j'ai pu calculer par rapport aux informations données dans le récit et pourtant, à l'écouter, on dirait qu'elle est à la fin de sa vie) que son mari a quitté pour une autre et qui n'arrive pas à s'en remettre. Cette femme qui s'est, toute sa vie, consacrée à faire ce que les autres attendaient d'elle, sans oser tenter de nouvelles choses, se contentant, parfois, de les rêver. Cette prof, passionnée de littérature, qui n'est jamais allée au bout de sa thèse, se trouvant sans cesse des excuses. Cette habituée des psychologues, qui n'a même plus de mutuelle depuis qu'elle ne peut plus bénéficier de celle de son mari (c'est le grand drame des femmes dépendantes, qui mettent leur carrière en pause au profit de…). Ce qui est surtout intéressant avec Phoebe, c'est qu'elle se pose beaucoup de questions, et qu'elle est rongée de l'intérieur par un mal insidieux et invisible. Phoebe est dépressive ou, en tout cas, a des pensées qui s'en approchent. La dépression est un mal peu connu et surtout incompris par ceux qui n'en souffre pas. Y accéder à travers le prisme de cette femme au bout du rouleau permet d'en avoir une vision.

La future mariée est un sacré personnage ! Totalement différente quand elle est seule avec Phoebe, elle porte un masque le reste du temps. La rencontre entre ces deux femmes que tout oppose est rafraichissante : Phoebe va oser et surtout servir de faire valeur à la mariée. Intégrée malgré elle à ce mariage d'une semaine, elle va jouer les intermédiaires entre la mariée et son entourage, écouter ses plaintes (en particulier sur sa mère) et user de ses connaissances académiques pour désamorcer différentes situations.

Tout est un peu convenu, on devine à l'avance comment vont évoluer les choses mais on apprécie participer à ce vaudeville, pourtant très psychologique, où personne n'est finalement très heureux. Le cadre est à couper le souffle - vieil hôtel et côte escarpée - et on a l'impression, le temps de ces quelques pages, d'avoir, nous aussi, participé à la réception. Bien qu'elle n'ait pas été d'une grande réussite.