L'Ange d'Auschwitz - Ellie Midwood

L'Ange d'Auschwitz

Auteur : Ellie Midwood

Editeur : Faubourg Marigny (18/09/2025)

356 pages

Résumé :

1962. Orli est internée en hôpital psychiatrique. Traumatisée par ses expériences vécues lors de sa déportation dans les camps de concentration, elle revient sur ce qu’elle a vécu aux côtés du sinistre Dr Mengele…

1942. Trahie par son propre mari parce qu’elle est une résistante allemande, Orli n’a plus personne au monde lorsqu’elle trébuche du camion à bestiaux sur le terrain gelé d’Auschwitz. Elle est arrivée croyant être condamnée à une mort certaine mais au lieu de cela, elle est affectée à l’infirmerie pour assister le Dr Josef Mengele.

Très vite, Orli apprend que Mengele est connu comme l’Ange de la mort, et qu’il est l’homme le plus redouté d’Auschwitz. Entre ses mains, des milliers de détenus en bonne santé sont cruellement tués et soumis à des expériences, et Orli est censée l’aider.

Elle se rend alors compte que son travail de résistante n’est pas terminé. Depuis l’infirmerie, elle va tenter de sauver secrètement autant de déportés que possible. Mais lorsque Mengele lui demande de lui trouver des enfants, elle sait que ce n’est pas suffisant… Avec l’aide de ses collègues infirmières, elle envisage de simuler une épidémie de typhus. Mais Orli peut-elle vraiment tromper l’un des hommes les plus puissants d’Auschwitz ? Et si Mengele découvre son plan, quel sera le prix à payer ?

Avis :

Cette année encore, j’ai le plaisir de participer au comité de lecture Cultura et de découvrir des nouveautés de la rentrée littéraire 2025. L’ange d’Auschwitz est le premier roman que je lis dans ce cadre. Ce sont à la fois la maison d’édition (que je ne connais que de nom mais dont les parutions m’attirent toujours) et la mention « d’après l’histoire vraie d’Orli Wald, infirmière au service de Josef Mangele » qui m’ont fait me pencher sur cet ouvrage en particulier. Pourtant, pour une fois, un résumé figurait sur la quatrième de couverture même si j’ai décidé de ne pas le lire car l’expérience Cultura c’est justement découvrir des livres à l’aveugle.

Cette lecture fut intense. Et encore, je ne suis pas sûre que mon cerveau ait réussi à intégrer l’intégralité de l’horreur qui y est décrite ; un peu comme s’il visualisait des images et non des scènes ayant réellement eu lieu ; un peu comme s’il n’était pas capable de saisir que des êtres humains puissent infliger ça. Le récit débute par un chapitre à la deuxième personne du pluriel : « vous n'y entendez rien d'autre que vos propres pas » ; nous sommes en 1962 et nous rencontrons Orli, des années après qu’elle ait quitté Auschwitz-Birkenau, par le biais de son psychiatre, le fameux « vous ». Puis, nous basculons en 1942, à son arrivée en tant que prisonnière politique.

Jusqu'à la libération par les forces alliées, nous suivrons le chemin d'Orli à travers ses différents postes au sein du camp, nous assisterons à sa descente en enfer à chaque fois qu'elle est forcée d'assister ou de participer aux actes de barbarie commis par les Allemands, nous serons stupéfaits par sa bienveillance, sa capacité à prendre soin des autres et la force qui l'habite. Aurélia Wald fut vraiment une femme extraordinaire et je remercie Ellie Wood de nous avoir livré son histoire, de l'avoir porté à la connaissance du grand public et d'avoir, ainsi, perpétué la tâche d'Orli : devenir la mémoire de tous ces hommes, femmes et enfants qui ont péri dans des conditions inhumaines.

Le récit que nous livre Ellie Wood est glaçant, d'autant plus qu'il s'agit de faits avérés. Le comportement des SS, tout comme celui de certains prisonniers est affranchi de toute conscience. Les détenus sont déshumanisés par le port d'un numéro d'identification et par le dépouillement de tout ce qui leur est propre. Dans cette misère extrême, il faut comprendre les règles tacites de la détention pour espérer s'en sortir, la première étant de ne pas parler sans y être autorisé; ne pas être juif peut aussi aider mais le comportement imprévisible des geôliers ne met personne à l'abri de finir avec une balle dans la tête. L'autrice décrit la vie au sein du camp de concentration/extermination, le soutien qui s'opère entre les détenus quand d'autres peuvent, au contraire, tirer profit de toutes situations pour améliorer leur condition au détriment des autres et en toute conscience. J'avoue qu'il est tout de même difficile de les juger sans jamais avoir expérimenté (et Dieu m'en préserve) des conditions de vie similaire. Cela révèle-t-il la vraie nature des gens ? Ou un stress/traumatisme intense peut-il changer une personne ?

Les années de vie à Birkeneau sont entrecoupées par des scènes des années 60 dans lesquelles nous découvrons Orli en train de se préparer pour le jugement à venir de ses bourreaux. Toujours à travers le regard de son psychiatre, nous contemplons une femme toujours combative mais brisée, pour laquelle rien n'est plus important que la justice et le souvenir de tous ceux qu'elle a croisé.

La plume d'Ellie Wood est entrainante, elle dépeint des scènes dures mais de manière très descriptive, sans forcément entrer dans le sentiment et c'est tant mieux sinon elles auraient été impossibles à lire. Si tout le monde a entendu parler des camps d'extermination et de la Shoah, les expériences réalisées par le Dr Mangele ne sont pas forcément notoires; contrairement à ce que laisse penser l'accroche et le résumé du livre, l'arrivée de Mangele n'est pas le point central du récit, même si c'est lui qui finira d'altérer l'esprit d'Orli. Cet aspect de l'Histoire est donc intéressant à découvrir même si le fait que Mangele s'en soit sorti en toute impunité laisse un goût amer.

Ce qui m'a peut-être le plus choquée, au final, ce sont les réactions des autorités, après la libération, lorsqu'Orli a voulu dénoncer ce qu'il s'est passé à Auschewitz; comme une approbation des atrocités.

Ma découverte des romans de la rentrée littéraire commence très bien et Orli Wald rejoint le nom des femmes d'exception que j'ai pu découvrir récemment.