La dernière liste de Mabel - Laura Pearson

La dernière liste de Mabel

Auteur : Laura Pearson

Editeur : L'Archipel (15/05/2025)

348 pages

Résumé :

À la mort de son mari Arthur, Mabel découvre l’ultime liste qu’il a dressée pour elle. Ou plutôt ce mot énigmatique : Trouver D.

Persuadée qu’il s’agit de Dot, l’amie dont elle était amoureuse soixante ans plus tôt avant d’épouser Arthur, et dont elle est depuis sans nouvelles, Mabel part à sa recherche.

Une quête qui va l’amener à remonter le temps, faire de belles rencontres et, surtout, caresser l’idée qu’il est peut-être encore possible de trouver le bonheur…

Avis :

Pour être tout à fait honnête, La dernière liste de Mabel ne m'attirait pas du tout. Je ne sais pas forcément dire pourquoi mais, de moi-même, je ne l'aurais jamais choisi. J'ai décidé de le lire parce qu'une de mes amies en a dit beaucoup de bien, que je lui ai fait confiance et que, de toute manière, je n'avais pas grand chose à perdre si ce n'est un peu de temps.

Sans mon amie, je serais passée à côté d'un sublime roman. Au troisième chapitre, j'avais déjà les larmes aux yeux, saisie par l'émotion qui s'en dégage. Il y a des plumes qui touchent plus que d'autres et celle de Laura Pearson a vraiment raisonné en moi. Elle est pourtant simple et sans prétention, mais j'ai trouvé qu'elle captait parfaitement les émotions, je l'ai trouvé tendre et nostalgique.

Le personnage principal, Mabel, a plus de 80 ans. J'ai beau chercher, je n'ai jamais dû lire (ou ils sont très rares) de roman avec un personnage assez âgé; c'est d'ailleurs l'un des points qui m'avait freinée dans le choix de ce livre, avec, peut-être, la peur de ne pas pouvoir m'identifier au personnage ou de ne pas adhérer à son état d'esprit. Mabel est peut-être octogénaire mais elle reste une femme. Une femme qui vit dans ses souvenirs et dont la vie n'est pas vraiment celle qu'elle parait : mariée depuis 62 ans à un homme aimant, tout deux en bonne santé mais sans enfants, ils forment un tableau touchant. Pourtant, la vieille dame cache un lourd secret, secret qu'elle n'a jamais réussi à avouer à son mari; mais ne s'en doute-t-il pas ? Ne refuse-t-il pas lui-même de le voir ? Car en tant que lectrice, j'ai rapidement compris ce que dissimulait Mabel.

Laura Pearson nous balade au gré des souvenirs de son héroïne; pour ma part, j'ai éprouvé une grande affection pour Mabel à mesure qu'elle se dévoilait à moi. J'ai aimé son esprit prudent et les questions qui la submerge constamment. J'ai aimé son besoin de tout contrôler et prévoir, ses difficultés à lier connaissance, préférant rester chez elle. Etrangement, je me suis parfois reconnue en elle. J'ai aimé découvrir la Mabel d'avant, comprendre la manière dont elle a évolué au cours de sa vie, les difficultés qu'elle a rencontré. J'ai aussi aimé le parallèle fait entre la vie à l'époque de son adolescence et la vie d'aujourd'hui; les esprits plus ouverts, du moins pour la plupart et, pourtant, toujours les mêmes barrières.

Si Mabel est un personnage casanier, elle va être contrainte, par la force des choses, de s'ouvrir aux autres.. Elle va se retrouver plus entourée qu'elle ne l'a jamais été, par des femmes de tout âge qui ont également dû faire face au deuil, chacune d'une manière différente. Personne n'est épargné et tout le monde continue à avancer malgré les épreuves qui se dressent sur sa route. Ces femmes que tout oppose vont construire une belle histoire et s'apporter mutuellement du bonheur. La carapace de Mabel n'est pas facile à percer et c'est un bien car après des années de discrétion, cela rend son évolution plus plausible. Comme une enfant, elle apprend à se soucier des autres, sans vraiment savoir comment s'y prendre. En cherchant à bien faire, elle commet des erreurs, en endosse la responsabilité et en tire des leçons.

La dernière liste de Mabel est une très belle histoire de vie. L'héroïne porte un doux regard sur les souvenirs de sa vie, consciente de la chance qu'elle a eu d'être aimée et soutenue, fragilisée par les pertes qu'elle a connues. Pourtant, sa vie, bien qu'heureuse, ne l'est pas totalement. Parce qu'elle a oublié une partie d'elle-même, parce qu'il y a des mots qu'elle n'a jamais osé dire et que tout est bâti sur un mensonge. Si j'ai aimé le personnage d'Arthur et son amour profond pour sa femme, je m'interroge malgré tout sur sa conscience des choses, sur son choix, peut-être égoïste de garde Mabel auprès de lui ou on contraire de la protéger des mentalités de leur époque. C'est à la fois beau et triste, avec une petit note amère. C'est humain.

Je n'arrive pas vraiment à exprimer clairement les raisons qui m'ont tellement fait aimer ce livre. Peut-être parce qu'elles sont trop nombreuses ou intangibles. Peut-être parce que des fois il y a des choses qui ne s'expliquent pas. Comme une rencontre. Ici, ce fut une rencontre avec un livre, mais surtout avec une vieille dame qui m'a émue.