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La dernière valse de Mathilda - Tamara McKinley

La dernière valse de Mathilda

Auteur : Tamara McKinley

Editeur : ARCHIPOCHE (03/01/2007)

Pages : 566 pages

Résumé :

Dans la chaleur étouffante du bush australien, Mathilda, treize ans, fait ses adieux à sa mère. Quelques voisins sont rassemblés autour de la tombe, pour rendre un dernier hommage à cette femme courageuse.

Un peu à l'écart, le père de Mathilda n'a qu'une hâte : que tout cela se termine afin qu'il puisse vendre le domaine de Churinga. Mathilda, elle, comprend que les choses ne seront jamais plus comme avant…

Cinquante ans plus tard, Jenny découvre le journal intime de Mathilda.

A mesure que progresse sa lecture, l'angoisse l'assaille… A-t-elle bien fait de venir s'installer à Churinga ?


Quelle tristesse, n'est-ce pas, lorsque les hommes sont trop orgueilleux pour montrer leurs sentiments [...]. Les émotions refoulées ressortent si souvent sous forme de haine et de vengeance !

Avis :

Cela faisait un long moment (trois ans pour être exacte) que je ne m'étais pas plongée dans un roman de Tamara McKinley. La lecture commune de La dernière valse de Mathilda était l'occasion parfaite. J'ai pris grand plaisir à retrouver la plume de l'autrice et découvrir les histoires de Mathilda et Jenny, dans cette Australie du XXe siècle plus vraie que nature.

Que ce soit le prologue ou le début du premier chapitre, les évènements contés par l'autrice sont tragiques. Tragiques mais extrêmement bien décrits. Ils nous entrainent directement au cœur du bush où paysages grandioses se mêlent à la rudesse de la vie. Les chapitres sont très très longs mais, pour ma part, je n'ai pas trouvé cela gênant. Au contraire, ils sont à l'image du cadre de vie des personnages : des paysages à perte de vue, parfois désertiques, renfermant de beaux écrins de verdure et soumis à la force des éléments.

Immergé au cœur de Churinga, le lecteur est suspendu aux mots de Tamara McKinley. Il suit deux destins en parallèle : celui, déchirant, de Mathilda et celui, tout aussi bouleversant, de Jenny. Si nous découvrons le calvaire de Mathilda, à la suite du décès de sa mère, dès le prologue, nous restons dans l'expectative de ce qui lui est arrivé par la suite. Ce n'est que lorsque Jenny commence à lire ses journaux intimes, trouvés à Churinga, que nous pourrons savoir ce qu'elle est devenue. Mathilda est une jeune femme indépendante et courageuse qui possède une grande force physique et morale; les épreuves qu'elle traverse nous poussent à éprouver un grand respect pour elle. Les bribes de son passés resurgissent aléatoirement au fil du récit "principal", c'est à dire l'arrivée de Jenny sur les terres qu'elle a hérité de son mari. J'ai, pour ma part, ressenti une certaine frustration à chaque changement d'époque, curieuse d'en apprendre d'avantage sur les différents personnages.

Jenny, à la lecture des journaux, se trouve de nombreux points communs avec Mathilda. Elle va développer une sorte de lien affectif avec cette femme surgie du passé et chercher à en savoir le plus possible à son sujet. Cette enquête sur l'ancienne propriétaire de Churinga va l'aider à reprendre goût à la vie et avancer dans le deuil qui la frappe. Elle fait preuve d'une grande force de caractère même si l'ignorance de son propre passé a eu un impact sur sa propre construction en temps qu'adulte.

A travers le récit, l'autrice évoque la seconde Guerre Mondiale et l'impact qu'elle a eu sur les travailleurs de l'outback et leur famille. Elle parle aussi de ce mode de vie particulier, seul (ou presque) au milieu de nulle part, relié aux autres par un simple poste radio. Ce qui est à la fois une chance et une malédiction : chance de pouvoir faire le point sur sa vie, de voir les choses sous un autre angle, trouver un nouveau souffle; malédiction car les éleveurs peuvent être sans pitié les uns avec les autres, et surtout les ragots vont bon train.

La dernière valse de Mathilda est vraiment trépidant. Tamara McKinley a un réel talent pour faire ressentir les choses. Que ce soit les sentiments des personnages ou la poussière qui envahit tout, jusqu'à en sentir le goût sur la langue. C'est presque comme si nous y étions nous aussi. J'ai beaucoup aimé la relation de Jenny avec sa meilleure amie, sa sœur, sa compagne d'orphelinat; son franc parler apporte un vent de fraicheur. J'ai également savouré la romance autour de Jenny; en effet, même si elle est attendue, même si on voit venir les éléments perturbateurs, elle fait son petit effet et nous sommes dans l'attente d'une évolution positive. Il faut dire que les deux héros sont bornés et ont, semble-t-il, le chic pour se dévaloriser, ce qui est un brin agaçant et complique beaucoup les choses ! (comme dans la vraie vie, ce sont souvent les premiers concernés les derniers au courant).

J'ai aimé la profondeur des personnages, les histoires qu'ils cachent et que personne ne soupçonne, les jugements hâtifs qu'il faut revoir. On a l'impression de tous les connaitre, on prend plaisir à en détester certains, on a le cœur brisé (plusieurs fois) et on ne voit pas passer le temps.

La dernière valse de Mathilda confirme mon amour pour les romans australiens de Tamara McKinley même si, petit bémol, les deux dernières pages sont vraiment cucul et m'ont fait lever les yeux au ciel ^^

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