La disparue du Titanic - Frances Quinn

La disparue du Titanic

Auteur : Frances Quinn

Editeur : L'Archipel (18/09/2025)

340 pages

Résumé :

Elinor, 19 ans, fille d’un homme qui a fait fortune dans le coton, intègre l’aristocratie anglaise lorsqu’elle épouse Frederick, fils du comte de Storton. Mais elle déchante bien vite lorsqu’elle découvre qu’il l’a uniquement épousée pour son argent et que sa belle-famille la méprise.

Deux années difficiles s’écoulent à Winterton Hall, au cours desquelles elle voit peu son fils Teddy, qui lui a été retiré dès la naissance pour être confié à une nourrice.

Arrive enfin le grand jour : le Titanic, à bord duquel son père les a invités, va appareiller…

Après le naufrage, où son mari et son père perdent la vie, Elinor décide de prendre l’identité de sa jeune domestique. Seul moyen de soustraire Teddy à sa belle-famille et de recommencer une nouvelle vie, là où personne ne la connaît.

Avis :

La disparue du Titanic. Comme beaucoup je pense, le titre m'aura convaincue de découvrir le roman de Frances Quinn. Le titre, le prologue (qui se déroule après le naufrage) et quelques chapitres nous suffisent à comprendre quelle direction va prendre l'histoire; à moins, bien sûr, que l'on ait lu le résumé au préalable puisque ce dernier divulgâche un peu tout… (en guise de résumé, il dévoile toute la première moitié du roman). Si l'appel du titre vous fait rêver du Titanic : passez votre chemin, vous serez déçu. Le Titanic et son naufrage ne sont que très brièvement évoqués. Cependant, ce serait dommage car vous manqueriez une très belle histoire et une héroïne remarquable.

J'ai beaucoup aimé Elinor, jeune femme moderne du début du XXe siècle. A une époque où les femmes sont encore trop peu considérées, fille unique d'un père veuf, brillant entrepreneur, Elinor a eu une enfance privilégiée. Si son père a bâti son empire (il est surnommé le roi du coton) à la sueur de son front, sa jeune fille a bénéficié de tout le confort lié à sa fortune. Pourtant, elle n'a rien à voir avec les dames de haut rang et les nouveaux riches sont d'ailleurs méprisés par les vieilles familles qui s'accrochent à leur titre et vivent dans un monde hors d'atteinte. Elinor est instruite, n'a jamais eu faim et s'habille avec de couteux vêtements; mais elle est aussi partie prenante dans la gestion de l'entreprise familiale et férue de lecture. Le hic, c'est qu'il est impensable que son père lui lègue l'empire qu'il a construit parce qu'elle est… une fille. Malgré tout, cet homme aimant et ouvert d'esprit veut ce qu'il y a de mieux pour son enfant : Elinor, qui menait jusque là une existence protégée et un peu illusoire, va se trouver confronter à la dure réalité hors de son cocon. Réduite à son rôle de femme, elle ne pourra compter que sur sa ténacité.

Le roman se déroule en deux parties : l'avant et l'après. C'est l'Elinor qui a survécu à toutes les épreuves que lui a imposé la vie qui raconte son histoire. Elle se revoit dans toute sa naïveté et son impuissance et reste, tout au long de son récit, une femme combative prête à se sacrifier pour conserver sa liberté. L'avant c'est le parcours de la jeune Elinor, bercée par les romans de Jane Austen, des rêves d'amour plein la tête. L'après c'est cette nouvelle Elinor, pas tellement plus vieille mais qui a brutalement été propulsée dans une réalité loin des romans qu'elle aime tant. C'est cette femme qui est née en refusant de taire ses idées et a appris à s'affirmer malgré le dédain et la pression de son entourage. J'ai ressenti énormément d'empathie pour cette femme que l'on dépossède de ses décisions, que l'on veut faire passer pour folle et beaucoup d'admiration pour sa manière de ne pas abdiquer. Il y a l'avant en Angleterre et l'après dans l'Amérique de tout les possibles. Une décision pour tout changer, une décision pour construire un avenir.

J'ai apprécié le contraste entre l'Angleterre vieillissante et ancrée dans ses traditions, ces titres auxquels on s'accroche au détriment des personnes et l'Amérique moderne, le pays de la seconde chance, celui où chacun a droit à l'instruction et peut tenter de bâtir son propre destin. J'ai aimé voir l'évolution d'Elinor, sa capacité à rebondir et donner le meilleur d'elle-même. Le lien qu'elle tisse avec une famille d'accueil adorable, dans la plus grande précarité et son habileté à négocier, comme elle l'avait appris avec son père.

Un roman que j'ai adoré découvrir et sur lequel je ne veux pas trop vous en dévoiler; une héroïne remarquable et une autrice qui manie avec talent les émotions.