Les effacés
Absolu tome 2 sur 3
Auteur : Margot Dessenne
Editeur : BIGBANG (02/11/2023)
608 pages
Résumé :
Et si la Chose n'était pas la menace la plus redoutable qui les attendait ?
La mission est réussie et les mobilisés se réveillent à Erit avec l'espoir de reprendre une vie normale. Si Prym, célébré en héros, voit ses rêves patriotiques se réaliser, d'autres n'ont pas cette chance. Prison dorée pour Aleksander et Lise, avenir incertain pour Edward, enrôlement de force pour Olimpia et étrange rencontre pour Zuzanna : plus personne n'est en sécurité.
Lorsqu'une guerre civile éclate et divise le pays, les survivants de la Zone se retrouvent devant un choix épineux : se faire une place dans la société d'Erit et survivre aux intrigues politiques, à la surveillance totale et à la propagande médiatique, ou tenter de regagner leur liberté, quel qu'en soit le prix.
À moins que le passé ne balaie leurs dernières certitudes…
Et si le véritable conflit se préparait dans l'ombre ?
Avis :
Ce livre est fou ! Les hommes sont fous !
Si vous vous souvenez bien, j'ai lu le tome 1 d'Absolu contrainte et forcée par ma copine Mylène qui l'avait commencé sans moi parce qu'elle n'accrochait pas à notre lecture commune. C'est encore une fois avec Mylène que j'ai replongé dans la tête de ces personnages que j'ai été ravie de retrouver. Mais c'est sans elle que je tourne la dernière page, prenant mon mal en patience pour pouvoir lui en parler ! J'avoue, je l'ai semée en route, mais je n'ai clairement pas réussi à ralentir le rythme tellement Les effacés est prenant. Un seul regret à l'heure actuelle : je n'ai pas le tome 3 !
Margot Dessenne nous concocte à nouveau un roman choral dans lequel les personnages que nous avions croisés dans la Zone se retrouvent séparés. D'abord perdu, au même titres que les protagonistes qui s'éveillent dans des lieux inconnus, nous prenons rapidement connaissance des différentes situations. Nous suivons ces hommes et ces femmes qui doivent composer avec les éléments qu'on leur donne, sans connaitre l'entièreté de la vérité. Chacun se retrouve dans un "camp" différent, sans aucun moyen de contact avec ses amis, contraint d'agir d'une certaine manière pour protéger les autres.
L'histoire est bien plus complexe que ce qu'on pouvait envisager au premier abord et, plus on en apprend, plus on redoute ce que l'on va découvrir. J'ai aimé le fait que les personnages ne soient pas ce qu'ils semblent être. Ceux qu'on aurait pu prendre pour les "gentils" ont en fait une face très sombre. Ce qui est sûr, c'est que chacun agit pour ses propres intérêts, imperméable aux dégâts collatéraux. Et certaines manigances sont vraiment inhumaines. Une scène en particulier, dans les sous-sols d'un laboratoire, est particulièrement violente et semble en même temps tellement évidente.
Le sentiment qui m'a le plus étreinte à la lecture de ce second opus est, je pense, la frustration. La frustration et juste après l'indignation. Il y a notamment deux personnages qui m'ont passablement énervée : l'un des héros qui se la fait mettre à l'envers avec une facilité déconcertante et un nouveau venu que j'aurais préféré ne pas croiser. Quel homme insupportable ! Un enfant capricieux qui prend un malin plaisir à torturer les autres; la différence avec un enfant c'est qu'il a de l'influence, du pouvoir et un terrain de jeu à l'échelle de l'humanité… et il y a ce moment ô combien satisfaisant où il se prend une bonne droite !
Bref, Margot Dessenne sait appuyer là où ça fait mal et jouer avec les sentiments du lecteur. Elle sème de petits indices au cours du récit et il y a cet instant particulier durant lequel Prym revoit son père adoptif… instant qui a fait naître une hypothèse totalement fumeuse dans mon esprit. Comme une évidence, qui s'est confirmée à ma plus grande joie. Une évidence qui remet, comme d'autres révélations qui sont faites, beaucoup de choses en perspective.
J'ai aimé le fait que l'on découvre les implications des différents camps, la manipulation médiatique habilement menée par Erit. L'ampleur de la corruption et de la mauvaise foi des dirigeants. J'ai aimé la déconstruction obligée d'un formatage dès l'enfance, la vision, même minime, du temps d'avant. J'ai aimé voir les personnages en difficulté (autant que j'en ai voulu à l'autrice), voir leur humanité et leur attachement à leur compagnons zonards résister, malgré les apparences. J'ai aimé, le soutien inconditionnel qu'ils s'apportent (lorsqu'ils ne sont pas séparés des autres), se rendant mutuellement meilleurs ou se dépassant dans l'hypothétique espoir que cela ai un impact favorable sur ces amis disparus. J'ai aimé cette incompréhension face à l'accueil qui leur est fait, la marginalisation des Fils de Belobog considérés comme des barbares parce qu'ils brûlent le cou de leurs enfants pour leur éviter les instituts (euh… qui c'est qui insère des puces dans le cou des siens, qui les sépare de leur famille pour les enfermer dans des internat et les envoie que la Zone affronter un danger létal ?). Bref, vous l'aurez compris, rien n'est tout noir ni tout blanc dans l'univers de Margot, les intrigues sont multiples et s'entrecroisent sans réellement se croiser… du moins jusqu'à l'action finale.
Alors que les protagonistes commencent à se retrouver (ou pas), j'ai hâte de les voir croiser leurs informations et commencer à pouvoir réagir face aux différents adversaires. Car dans ce second tome, tous les anciens de la Zone subissent la situation, essayant de s'en sortir au mieux, de tirer son épingle du jeu ou de protéger les autres du mieux qu'ils peuvent. Les marges de manœuvre sont réduites et, on ne va pas se mentir, tout part un peu en cacahuète… quand il semble que ça ne peut pas être pire, en fait si, ça peut !
Cet avis, à l'instar de l'intrigue de Margot Dessenne, part aussi en cacahuète, ou en tout cas dans tous les sens ! Je ne sais pas si j'ai réussi à y faire transparaitre mon engouement pour TOUT mais vraiment, je suis fan de cette saga et j'attend beaucoup, beaucoup, du troisième et dernier opus.
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