Les serres sous le velours noir
Auteur : Charlène Ferlay
Editeur : Editions Plume Blanche (01/11/2024)
345 pages
Résumé :
La déesse veille. Son autorité est représentée par ses Anges et ses Archanges : ils interviennent dans tous les aspects quotidiens de la vie.
Francesca Sebastiani se rend dans la ville marchande d’Alba pour accomplir les volontés de son père : épouser un riche négociant de basse extraction sociale et retrouver son frère, Taddeo, qu’elle déteste, afin de le pousser à accepter son héritage.
Seulement, Francesca ne désire qu’une chose : découvrir qui a causé l’effroyable assassinat de son autre frère, Iacopo… et lui faire justice. En rêve, elle la voit : la scène du meurtre par les yeux de ceux qui, haut dans le ciel, posent sur le monde un regard sans haine.
Avis :
Les serres sous le velours noir était dans ma bibliothèque depuis un peu plus d'un an puisqu'il fait parti du pack Plume Blanche 2024. Pourtant, ce n'est que lorsque mon amie, Mylène, m'en a offert la version reliée parue dans la box Bibliocoffre que je me suis plongée dans l'histoire de Francesca, à la découverte de la ville d'Alba.
Le roman (dans sa version Bibliocoffre tout du moins) s'ouvre sur un avant propos de l'autrice qui est assez saisissant et se conclut par "Francesca n'existe pas - et pourtant, elle parle de nous toutes, nous qui levons les yeux vers ce plafond de verre et espérons qu'il se brisera enfin."
L'ambiance du roman est assez étonnante et l'autrice arrive à nous transporter dans son univers de manière troublante. Pour ma part, j'ai parfaitement réussi à visualiser les différents lieux décrits et à me faire une représentation mentale de l'ensemble de la ville, comme des pièces de la demeure de Francesca ou encore le fameux pont plusieurs fois évoqué. On oscille à la limite de la fantasy car si on est dans une ville inventée de toutes pièces (malgré de grandes inspirations piochées dans la réalité), la place du surnaturel dans le récit n'est, la plupart du temps, que suggérée. Il est question d'Anges mais, s'ils sont maintes fois évoqués, on ne les voit finalement que très peu et ils n'ont pas un si grand rôle dans l'intrigue; Les serres sous le velours noir est avant tout une histoire d'Hommes et de vengeance. Néanmoins, il y a ces chapitres, un peu particuliers, où le lecteur, à l'instar de Francesca, voit à travers d'autres yeux; ces chapitres qui semblent à la fois réels et songes et dont on ne sait finalement que penser, ces chapitres qui confèrent à l'intrigue une dimension mystique.
J'ai à la fois grandement et moyennement apprécié ma lecture. D'abord séduite par l'héroïne, et surtout par la plume de l'autrice qui est immersive, j'ai, par la suite, trouvé quelques longueurs et été parfois agacée par le comportement de Francesca et son désir aveugle de venger son frère. J'ai beaucoup aimé la recherche de vérité, les intrigues qui se tissent, le doute qui s'installe; l'autrice entretient un suspense qui garde le lecteur en haleine malgré un essoufflement lorsque les états d'âme de l'héroïne prennent le pas sur le reste. J'ai aimé le côté engagé du roman : les certitudes ancrées dans l'esprit de Francesca qui volent petit à petit en éclat. Son désir d'être une bonne fille, digne de son rang, et pour cela passer de l'autorité de son père à celle de son époux, choisi par ce dernier; son désir de faire justice pour ce frère défunt, au risque de compromettre le reste. Francesca est à la fois une femme prisonnière de la condition de l'époque, conditionnée sur ce qu'il est "bien" de faire ou non, et une femme rebelle effrayée de quitter la cage qu'on lui a construite. J'ai aimé son amour pour ses rapaces, sa manière de foncer et suivre ses idées; j'ai moins aimé le côté mièvre de son attirance pour la gent masculine et son caractère hautain et dédaigneux lié à son statut de Praticienne.
Il y a UN personnage que j'ai adoré du début à la fin : Taddeo, le frère mal aimé. Mal aimé mais peut-être, finalement, le plus heureux de tous les enfants Sebastiani. Taddeo est LA touche de modernité à ce récit dans lequel, je l'avoue, j'ai eu l'impression de retrouver une ambiance à la Vérone façon Roméo et Juliette. Taddeo victime et bourreau qui a fait un sacré chemin depuis son enfance, a su laisser en arrière les relations nocives et se construire de manière saine et équilibrée. Taddeo qui souhaite racheter son comportement passé et aider sa sœur à s'accomplir et s'accepter. Taddeo qui reste attentif et compréhensif en toutes circonstances.
Les serres sous le velours noirs remue encore beaucoup de choses en moi au moment où j'écris ces lignes (je me sens partagée sur ce que j'ai ressenti); je n'ai pas su apprécier tous les choix de l'autrice quant aux actions de ses personnages mais j'ai pleinement savouré la touffeur du carnaval d'Alba et l'écriture riche et visuelle.
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