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Lizzie Felton

Hello les Readers,

Nous voici de retour avec notre rubrique Interview : un auteur français que l'on a lu, aimé et que l'on souhaite faire découvrir.

Cette fois-ci nous vous entrainons sur les traces de Lizzie Felton, cette artiste accomplie qui navigue entre musique et écriture et dont l'esprit semble constamment en ébullition. Passionnée par les manoirs, la musique et les animaux, elle nous invite dans son univers fascinant et nous donne aussi quelques conseils lecture !


Qui est Lizzie ?

Petite, Lizzie passe son temps à raconter des histoires. D’abord à ses camarades de classe, alors convaincus de l’existence de son parapluie magique, puis dans des cahiers, qui envahissent très vite chaque recoin de sa chambre. Adolescente, la découverte de la saga « Harry Potter » est un véritable déclic ; elle ne s’arrêtera plus jamais de lire. Son amour pour les livres la pousse naturellement vers des études de Lettres Modernes, et son besoin constant d’écrire la fait même s’essayer au chant, dans le but d’adapter ses textes en musique.


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Questions / Réponses

Tu as un univers bien à toi, et tu es une artiste à bien des niveaux : modèle, chanteuse et maintenant écrivain. Tu as sorti ton premier roman il y 3 ans aux Editions du Chat Noir, et le second il y a quelques mois. Comment est venu le projet d’un roman ? Comment en es-tu arrivée à te faire publier ? Et pourquoi cette maison d’édition ?

D’aussi loin que je m’en souvienne, j’ai toujours écrit, même si je me suis d’abord dirigée vers la musique pour deux raisons. La première, parce que c’était une envie commune avec ma meilleure amie. La seconde, parce que cela me paraissait moins titanesque de me lancer dans l’écriture de chansons plutôt que de romans. Mais la littérature, c’est mon premier amour !

J’ai fait des études de Lettres Modernes et je me suis toujours sentie plus à ma place en tant que parolière que chanteuse, même au sein de mon projet musical. Quand il a pris fin, après cinq années aussi enrichissantes qu’éreintantes, je me suis dit que le moment était venu de me lancer. Je me suis donné neuf mois pour écrire « Les amoureux de la lune », le temps d’une grossesse.

Je suis assez lente dans mon processus d’écriture, car je retravaille énormément mes textes. Mon premier jet doit représenter 10% du temps que j’y passe, les 90% restants étant consacrés au travail de réécriture, avec une recherche du mot juste. Car c’est dans ce travail de réécriture que mon côté musicienne surgit : il faut que le texte glisse tout seul, qu’il ait un rythme, une musicalité.

Une fois « Les amoureux de la lune » achevé, je l’ai envoyé à divers éditeurs, mais pas au Chat Noir. Leurs soumissions étaient closes. J’ai eu quelques réponses positives, puis il y a eu la rencontre avec Mathieu Guibé, mon éditeur, qui m’a demandé de lire « ce texte dont je parlais sur les réseaux sociaux ». Il a aimé, a passé le roman « en urgence » en comité de lecture et m’a envoyé un contrat le jour de mon anniversaire. Signer chez eux, c’était une évidence. Parce qu’ils ont des textes de grandes qualités d’une part, et parce qu’ils sont très humains et soucieux du bien-être de leurs auteurs, d’autre part.


As-tu eu ton mot à dire sur les couvertures de tes romans ?

Concernant « Les amoureux de la lune », Mathieu m’avait envoyé le travail d’une illustratrice indonésienne avec laquelle le Chat Noir n’avait jamais collaboré. J’ai eu un coup de foudre et je me suis laissée porter.

Pour « Les brumes vermeilles », le 1er tome d’À l’ombre du Manoir, je me suis davantage impliquée. Dès les premières lignes, j’ai su que je voulais Mina M., qu’elle serait la plus apte à illustrer cet univers, et nous avons donc beaucoup échangé. Elle a même lu le texte pour s’en inspirer au maximum ! Un choix d’illustratrice que mon éditrice Cécile Guillot avait fait en parallèle, sans qu’on se concerte. C’est génial de bosser avec des personnes qui partagent le même ressenti, la même vision !


Vis-tu de ton travail d’écrivain ou exerces-tu un autre métier en parallèle ?

C’est très compliqué d’en vivre avec deux romans, je ne suis pas sûre que ce soit déjà arrivé à un auteur français. ^^ Mais comme je ne fais jamais les choses à moitié, je me consacre entièrement à l’écriture. Je m’y sens à ma place. Alors oui, mon objectif est de faire plein de bébés livres et de les faire découvrir auprès des lecteurs. J’ai eu de la chance, car ils se sont montrés présents dès le début de l’aventure et ils sont chaque jour plus nombreux !


Comment s’organisent tes journées et quel est ton moment de prédilection pour écrire ?

J’écris essentiellement le matin, quand le monde est encore endormi. Il y a une énergie particulière à ce moment-là. Je me lève à 6h, et il en faut de la discipline quand on s’organise comme on le souhaite ! C’est assez amusant quand on sait que c’était l’heure à laquelle je me couchais quand j’étais dans la musique. Avant, j’étais un oiseau de nuit, maintenant, je suis le coq qui chante au lever du jour.


Quel est ton processus d’écriture ? Connais-tu dès le début la fin, le fil rouge ? T’autorises-tu à faire évoluer l’histoire ou les personnages au fil de l’écriture ?

Je suis une jardinière à tendance architecte. J’aime me laisser surprendre, j’en ai besoin pour ne pas me lasser. Mais je connais les grandes lignes et, surtout, la fin ! Pour moi, chaque paragraphe, chaque ligne, chaque mot doit tendre vers l’objectif final du roman. Quand un texte n’a pas été pensé dans sa totalité, ça se ressent.


S’il y a un point commun entre tes deux romans (le manoir), les thèmes abordés sont totalement différents. Qu’est-ce qui t’a poussée à écrire sur le sujet principal dans Les amoureux de la lune ?

Il y avait la volonté de faire un pied de nez à la romance actuelle. Je ne suis pas amatrice du genre et je souhaitais dépeindre l’Amour autrement. Mais plus qu’une histoire d’amour, « Les amoureux de la Lune » traite de la perte de l’insouciance. Je crois que c’est la chose la plus dure que j’ai eu à vivre, et je voulais partager cela avec les lecteurs. Leur montrer que, même si la vie est parfois ultraviolente, on peut se relever de tout. En réalité, il y a mille messages que j’ai voulu faire passer. La place de l’artiste dans la société est centrale. La recherche du bonheur, également — et pour moi, le bonheur n’existe pas, puisque celui-ci est, par définition même, linéaire. Or, qui est heureux à chaque minute de sa vie ? Je crois davantage aux moments de joie. Aux instants de magie. De même que je voulais démontrer que la différence était une force. Il y avait une volonté de revenir à l’essentiel dans ce roman.


Dans A l’ombre du manoir, tu prends tour à tour l’apparence d’un enfant, d’un adolescent ou d’un adulte. Comment arrives-tu à te glisser d’une peau à l’autre tout en gardant le ton juste ?

J’observe beaucoup ce qu’il se passe autour de moi et je me passionne pour la psychologie, ce qui m’aide beaucoup. Mais plus encore, je vis ce que j’écris. Comme je suis quelqu’un de très (trop ?) empathique, j’arrive à peu près à comprendre tout le monde ! Contrairement à mes intrigues, je ne travaille pas mes personnages. Je les laisse s’affirmer à leur guise. Si j’en dressais un portrait avant de les écrire, ils ne seraient pas cohérents.


En apparence, tu es quelqu’un de plutôt solaire ; pourtant, tes romans ont un côté sombre. Qu’est-ce qui t’inspire ?

Je crois qu’est là tout le paradoxe humain. Je suis une optimiste dans l’âme, j’aime rire, m’amuser et être au contact des autres, mais je suis aussi une grande mélancolique. Mes émotions me gouvernent, tout me touche et me révolte. J’ai toujours été attirée par les artistes torturés et les univers sombres. Je leur trouve plus de profondeur. Ils ont plus à nous apprendre. Mais la lumière est essentielle, elle fait partie de la vie, alors il y en aura toujours dans mes histoires !


Est-ce que certains personnages sont inspirés de personnes réelles (de ton entourage ou autre) ? Si oui, qui ?

Dans le Manoir, Salsa est un mixte de mon neveu et de ma nièce, par exemple. D’une façon générale, on ne peut s’inspirer que de ce que l’on connait. Mes proches me disent qu’ils retrouvent beaucoup de moi dans mes romans, mais c’est assez inconscient. De plus, je pense que c’est le cas de tous les auteurs. Écrire, c’est se livrer.


Si tu devais te comparer à un personnage de tes romans, lequel te ressemblerait le plus ?

Sans hésiter, Violette dans le Manoir. Pas seulement à cause de sa passion pour les vieilles bâtisses, mais parce que je comprends son état dépressionnaire. J’ai fait un burnout à l’été 2018, avec symptôme respiratoire (qu’on retrouve d’ailleurs dans le personnage de Blues). J’ai passé un an à fixer les murs de mon appart’, que j’ai fini par repeindre ^^ À ce moment-là, je me sentais si vide que je pensais ne plus jamais réussir à écrire ou à faire quoi que ce soit d’autre. Mon cerveau avait complètement vrillé. Alors oui, je comprends Violette et l’écrire m’a permis d’extraire hors de moi des résidus de ce burnout. Au final, il s’est avéré très positif ! Il m’a fait grandir et, à présent, je sais ce qui est essentiel à mon bien-être. J’ai appris à dire non et à faire mes propres choix. J’ai trouvé une sorte d’équilibre, je suis plus stable, plus modérée dans mes sentiments.


En parlant de personnages, quelle est ta relation avec eux ? Que ressens-tu lorsque tu termines un livre (ou une série) et que tu dois les laisser derrière ?

Après l’écriture des Amoureux de la lune, je me suis sentie vidée. J’avais l’impression d’avoir fait une grosse fête chez moi pendant neuf mois et que je me retrouvais tout à coup seule. Laisser des personnages derrière soi, c’est très dur, et j’appréhende déjà de faire mes adieux aux Montmorency, la famille dans le Manoir. Je les aime profondément. Je passe tellement de temps avec eux ! M’en séparer est un déchirement. Il va falloir que je plonge dans une nouvelle histoire dès la fin de cette saga pour y survivre ! J


As-tu une liste de sujets que tu ne souhaites pas aborder (un peu comme une blacklist) ou au contraire, tu t’autorises tout ?

Je me laisse le droit de tout faire. Mais je m’interdis de céder au sensationnel. Je préfère suggérer plutôt que montrer, surtout concernant les sujets difficiles. Pas besoin d’une scène de viol de quinze pages, par exemple. L’évoquer en quelques lignes suffit amplement. C’est déjà assez insupportable comme ça !


As-tu déjà envisagé d’écrire en collaboration avec un autre auteur ? Si tu devais le faire, que rechercherais-tu chez cet auteur ?

J’y ai songé. Pourquoi pas un jour avec Johanna Marines, autrice de talent et grande amie, parce que nous avons les mêmes références. Je pense qu’écrire à quatre mains n’est pas si simple et que cela demande beaucoup de rigueur et d’organisation. Il faut vraiment une osmose, des envies communes. C’est cela que je rechercherais en priorité.


Quel message veux-tu faire passer au lecteur avec tes romans ?

Qu’on peut trouver le bonheur même dans les moments les plus sombres. Qu’il suffit de se souvenir d’allumer la lumière. Quoi ? C’est pas de moi ? Ah non, c’est de Dumbledore ! Mais je crois que ça résume bien l’idée. J’aime les univers sombres qui finissent dans la lumière. J’aime aborder des thèmes difficiles qui font partie intégrante de la vie, mais en montrant qu’il y a toujours moyen de se relever. J’aime l’espoir !


En tant que lecteur, quel est ton genre littéraire de favori ?

Sans hésiter, les littératures de l’imaginaire ! Il serait temps qu’on leur donne plus de crédit ! Ce sont, à mes yeux, les univers les plus créatifs et ils portent souvent de vrais messages !


Quelles sont tes influences littéraires ?

Je suis surtout inspirée par les œuvres classiques. Parmi mes incontournables, je citerais : Le portrait de Dorian Gray, Gatsby le Magnifique, Roméo et Juliette, Orgueil et Préjugés, et tant d’autres encore ! Mais je ne suis pas seulement inspirée par la littérature. Une musique peut déclencher une idée, un poème, un film, une série, une conversation, une sensation, une rencontre ou une promenade au clair de lune…


Musicales ?

C’est très vaste ! Ça va de Gainsbourg à Orelsan, des Doors à Lana Del Rey, d’Arctic Monkeys à Julien Doré, de Jain à Thérapie Taxi. J’ai longtemps été sectaire : je n’écoutais que du vieux rock. Puis je me suis rendue compte qu’il y avait du bon partout, qu’il suffisait d’être curieux.


Ton auteur préféré ?

Question beaucoup trop difficile ! Peut-être JK Rowling. Parce qu’elle a écrit Harry Potter et que sa saga m’a confortée dans l’envie d’écrire à mon tour.


Un roman que tu conseilles ?

« Rouge », de Pascaline Nolot et « La fille qui tressait les nuages » de Céline Chevet, pour les thèmes qu’ils abordent.

« Les chuchoteurs » d’Estelle Vagner si vous avez envie de rire.

Et « La passeuse de mots » de AJ Twice, si vous avez envie de vous évader.

[NDN : vous pouvez retrouver nos avis sur certains des romans cités par Lizzie en cliquant sur les titres]


Ton dernier coup de cœur littéraire ?

« Encens », de Johanna Marines.

Il est formidable ! Ça faisait longtemps que je n’avais pas dévoré un livre de 500 pages si vite !


Quel est le livre que tu aurais voulu écrire ?

« Harry Potter », peut-être ? Le rêve de beaucoup d’auteurs !


Pour finir, une annonce sur tes futurs projets à nous faire ?

Le tome 2 du Manoir avance. La moitié est rédigée et j’ai hâte de le laisser s’envoler entre vos mains. Et après cela, un projet de fantasy, peut-être ? Ça fait longtemps que j’y pense !



Portrait chinois

Si tu étais…


Un film – Edward aux mains d’argent

Un roman – Orgueil et préjugés

Une actrice – Meryl Streep

Un animal — Un chat

Un objet inanimé — Un livre, bien sûr

Un pays – L’Écosse

Une couleur — Le violet

Un vêtement – Une robe longue ou une paire de chaussettes hautes xD

Un sentiment – La mélancolie

Une chanson – Bartender de Lana Del Rey

Une saison – Le printemps, quand tout renaît.







Ses ouvrages

Voici les romans écrits par Lizzie, dans l'ordre de leur parution. Cliquez sur la couverture pour accéder à l'un de nos avis !


Les amoureux de la lune

Editions du Chat Noir, Avril 2018 - 308 pages

19€90


À 16 ans, troquer sa vie parisienne pour suivre sa famille sur la côte d’Azur est un enfer pour Lucie. Pourtant, la jeune fille y intègre bien vite le cercle de la jeunesse dorée locale, qui l’initie à l’effervescence nocturne, synonyme de soirées endiablées, où l’alcool coule à flots, les rencontres sans lendemain se succèdent et l’insouciance adolescente rayonne.

Mais lorsque Lucie rencontre Ulysse, le monde de la nuit prend un tout autre visage sous le regard azur de ce jeune peintre. Malgré les avertissements de ses nouveaux camarades, la jeune fille est attirée par ce mystérieux artiste qu’elle ne croise qu’à la nuit tombée, lui qui voit dans les ombres des couleurs que personne ne décèle, une magnificence que tout le monde ignore, une fascination pour l’astre argenté.

Lui qui voit et révèle en elle cette même beauté invisible…

S’épanouissant avec Ulysse dans la nuit, comme une fleur au soleil, Lucie est alors emportée par un tourbillon d’émotions, un amour de la Lune qui changera à jamais sa vision de la vie.



Les brumes vermeilles

A l'ombre du manoir (1/2)

Editions du Chat Noir, Octobre 2021 - 316 pages

19€90


Il y a des obsessions qui conduisent au malheur.

Lorsque Violette emménage avec son mari et leurs quatre enfants dans le vieux manoir abandonné dont elle a toujours rêvé, les portes d’une nouvelle vie idyllique s’ouvrent à eux.

Mais quels secrets cache celle qui reste close ?

Tour à tour, les six membres de la famille font l’expérience d’événements inexpliqués. Des perceptions étranges, des troubles du comportement anormaux, des pertes de mémoire troublantes… L’écho d’un passé prégnant résonne encore entre ces murs. De quoi ont-ils vraiment été le témoin ? De quoi le seront-ils ?

Alors que s’élèvent les brumes vermeilles aux abords de la bâtisse, la survie devient leur seule option. Pour cela, il leur faudra percer les mystères qui se terrent à l’ombre du manoir.





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