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Matière noire - Ivan Zinberg

Matière noire

Auteur : Ivan Zinberg

Éditeur : Cosmopolis (07/11/2019)

462 pages


Résumé : Juillet 2017. Une région. Deux disparitions. Après une nuit en discothèque, la jeune Inès Ouari ne donne plus signe de vie. Marion Testud, elle, n'est jamais rentrée de son jogging matinal. Sur leurs traces, deux enquêteurs aux profils atypiques : Karim Bekkouche, chef de la BAC de Saint-Étienne, flirte avec les limites et prend tous les risques pour retrouver Inès. Jacques Canovas, journaliste parisien et ex-flic des Renseignements généraux, couvre la disparition de la joggeuse. Tous deux ont des raisons personnelles de parvenir à leurs fins. D'un bout à l'autre du pays, les pistes se croisent tandis que de vieux meurtres énigmatiques refont surface. Deux hommes confrontés, lancés dans une course contre la mort à pleine vitesse dans les abysses de la terreur panique.


Avis :

Dans notre démarche de mettre à l'honneur des auteurs français qui gagnent à être connus, nous avons récemment interviewé Ivan Zinberg (ici), l'occasion pour moi de le découvrir !

C'est avec Matière noire, son dernier roman, que j'ai commencé. C'est réellement une très bonne découverte, j'ai beaucoup aimé ma lecture. Les chapitres sont assez courts, et alternent les points de vue de Karim, un policier de la BAC, et Jacques, un ancien des RG qui s'est reconverti dans le journalisme d'investigation à la mort de sa femme. Si le début est un peu lent, très vite, nous sommes pris par l'histoire et l'envie d'en découvrir d'avantage, de savoir quand et comment le chemin des deux hommes va se croiser; Matière noire finit en apothéose, dans un décompte horaire qui nous laisse fébrile.

Je n'ai jamais été très douée pour les genre littéraires, mais je qualifierai plutôt Matière noire de polar, et non de thriller. Peut-être le côté enquête qui prédomine, ou alors l'absence du sentiment d'angoisse constant que j'associe au thriller.

J'ai énormément apprécié le réalisme du récit, que ce soit au niveau de la description des lieux, des affaires courantes de la BAC ou des personnages. Je pense que cela doit être d'autant plus parlant pour un Lyonnais ou un habitant de Sainté qui reconnaitra sans doute les différents endroits cités. Le fait que le roman soit émaillé d'allusions à de vrais faits divers intensifie cette impression.

Karim, comme Jacques, sont des hommes de valeurs, qui ont été éprouvés par la vie, et ont tous deux perdu la femme de leur vie. On s'attache à l'un comme à l'autre et à leur façon d'appréhender la vie.

Matière noire est très bien construit, il entretient le suspense en nous laissant parfois sur de fausses pistes. Ivan Zinberg donne également la parole au tueur, sous la forme de courts chapitres impersonnels. Puis, lorsque son identité finit par se connaitre, il y est nommé. J'ai également trouvé très intéressant que la fin du roman reprenne le prologue en nommant le tueur et apportant les détails de son geste.

J'ai personnellement été très touchée par l'histoire personnelle de Karim, et ai complètement compris les sentiments qui l'agitent. C'est un homme au sang chaud, qui agit parfois sans réfléchir, porté par ses instincts et la justice qu'il représente. Si il flirte avec la légalité par moment, c'est toujours animé par cette impatience et ce besoin de bien faire.

Dans Matière noire, on constate une certaine lenteur liée aux procédures, raison pour laquelle Karim prend parfois des raccourcis. Et on contemple également la délinquance des cités : trafic de drogue, prostitution… et haine de la police. Les jeunes (et moins jeunes) font corps contre les flics, même si la personne à défendre est le pire des hommes. On voit aussi la fascination des gens pour le sensationnel, le malheur des autres; l'acharnement médiatique bafouant parfois la présomption d'innocence.

Ce fut donc une très bonne première expérience, aux accents de réalisme, et je ne dirais pas non à une autre enquête aux côtés de Jacques et Karim.


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