The Dead House
Auteur : Dawn Kurtagich
Editeur : EDITIONS DU CHAT NOIR (24/02/2020)
464 pages
Résumé :
« Carly et moi, on est plus proches que des soeurs. Plus proches que des jumelles. On pourrait presque ne faire qu'une. Après tout, nous n'avons qu'un corps. Mais nous sommes différentes. On pourrait dire qu'elle est la meilleure part de moi.
Nous partageons une vie; chacune en a un morceau.
Carly a eu le jour.
J'ai eu la nuit.
Nous vivons par alternance. Ça a toujours été comme ça. J'ai toujours été là.
Toujours. »
Une vingtaine d’années s’est écoulée depuis que l’enfer s’est abattu sur le lycée Elmbridge, emportant la vie de trois élèves et laissant Carly Johnson portée disparue. La principale suspecte : Kaitlyn, « la fille de nulle part. » Le journal de Kaitlyn, découvert dans les ruines, révèle un esprit perturbé. Ses pages racontent une nouvelle version de l’histoire, bien plus sinistre et tragique, et la fille de nulle part se retrouve au centre de tout. Beaucoup disent qu’elle n’existe pas, et d’une certaine manière, c’est vrai – elle est l’alter ego de Carly Johnson. Carly est là le jour, laissant place à Kaitlyn la nuit. Et c’est durant la nuit que le mystère de la Maison Morte se dévoile, fruit d’une magie sombre et dangereuse.
J'ai appris, au cours de ma misérable petite vie tragique, que les souvenirs sont comme de l'eau. Ils ne sont pas solides contrairement à ce que les gens croient. Quand une chose arrive rien ne la grave dans le marbre. Elle peut changer.
Avis :
Je viens de refermer ce livre et je dois dire qu'il est un peu fou ! Il retourne totalement le cerveau et laisse une forte impression, après nous avoir égarés dans les dédales de cette Maison Morte. Je ne sais pas si je l'ai adoré ou non, je sais simplement que je l'ai lu en une journée tellement son contact est addictif. Je sais que j'ai été très surprise dès les premiers chapitres par la tournure que semblait prendre l'intrigue, m'étant lancée à corps perdu dans un roman dont j'ignorait tout. Je plaide coupable, il dormait dans ma bibliothèque depuis un certain temps, je n'ai pas lu le résumé avant de m'y plonger. J'ai donc été pris de court par le TDI (trouble dissociatif de l'identité) de Carly, et en même temps cela a attisé ma curiosité car il se trouve que, par le plus grand des hasard, il y a quelques mois, j'ai écouté un extrait d'interview d'une jeune-femme souffrant de TDI.
Un TDI est, à priori, généré par un trauma. Seulement, Kaitlyn a toujours été là, elle n'est pas apparue, comme semble le penser sa psy, à la suite de la tragédie qui a frappé Carly, et surtout, elle ne se manifeste que la nuit. Enfin, il y a tout de même cette petite sœur, à qui personne ne prête attention, qui arrive à différencier les deux personnalités et semble aussi discerner autre chose.
La manière dont Dawn Kurtagigh construit son roman est à la fois extrêmement intéressante et totalement frustrante. A partir d'un fait divers, survenu il y a 20 ans, elle lève le voile sur l'histoire de Kaitlyn et Carly, sans toutefois le lever réellement. En effet, nous avons accès à différents supports : extraits de presse, rapports de police, entretiens médicaux et surtout Dee, le "journal intime" de Kaitlyn, les pages dans lesquelles elle se livre. A partir de ces éléments, on reconstitue les évènements qui se sont déroulés entre 2004 et 2005. Pourtant, le doute subsiste en permanence car chaque document ne reflète que la vision d'une seule personne et entre troubles psychiatriques et magie noire, nous sommes rapidement submergés et indécis.
Effectivement, le lecteur se retrouve aussi perdu et démuni que l'est Kaitlyn. Est-il question de folie ? Dans ce cas, quelle est la personne que l'on doit considérer comme folle ? Celle que tout désigne ou celle qui entraine tout le monde dans une chasse aux sorcières ? Quelle est la frontière entre visions et réalité ?
L'auteure nous tient en haleine le temps de ces quelques 400 pages, englués dans l'esprit torturé et les cauchemars de Kaitlyn. Nous ressentons la force du lien qui unit Carly et Kaitie, comme la noirceur qui habite cette dernière; son sentiment de ne pas devoir exister, de ne rien valoir, de tout gâcher.
L'expérience est intéressante, elle a un petit côté voyeur lorsque nous découvrons les vidéos tournées par Naida ou que nous accédons aux pensées les plus secrète de Kaitie. De la même manière que, 20 ans plus tard, les amateurs de sensations fortes visitent l'établissement dans lequel les évènements ont eu lieu, cherchent à comprendre ce qu'il s'est réellement passé, le lecteur assemble les éléments pour essayer de trouver une explication, qu'elle soit rationnelle ou non. Personnellement, je ne suis pas très portée sur les magies ancestrales, telles que le Mala et le Grundi évoqués ici; si, pour certains, elles peuvent donner un aspect fantastique à l'intrigue, d'autres y trouveront peut être quelque chose de plus "réaliste". Dans tous les cas, la notion de frontière entre folie et possession peut paraitre très floue.
The Dead Housse est également très dérangeant. Notamment pour tout ce que les documents ne confirment pas. Comme des choses que Kaitlyn auraient dites ou faites et dont la véracité ne sera jamais vérifiée; on entre vraiment dans la légende urbaine qui laisse place à toutes les interprétations.
Comentarios