Zombie boy - Morgane Rugraff
- Clem
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Zombie boy
Auteur : Morgane Rugraff
Editeur : Black Ink Editions (12/05/2023)
497 pages

Résumé :
Flirter avec le petit frère de sa femme, c’est mal…
Se marier pour le meilleur. Et parfois, pour le pire.
À quelques jours de son mariage avec Hailey, Franco fait la connaissance de Marlon, le petit frère de sa future femme. Un frère dont il n’a jamais entendu parler. Et pour cause, personne n’a envie de le voir revenir!
Loin du fils idéal, empli de vices, tatoué, révolté et abîmé, Marlon s’adonne à tous les excès sans modération. Et il ne compte certainement pas faire profil bas. Surtout pour un événement aussi exceptionnel! Bien décidé à faire éclater la vérité sur l’horrible secret familial qui a conditionné sa vie entière, et à démolir ce stupide mariage, Marlon est prêt à tout. Même à semer le trouble chez son beau-frère trop clean, avant de disparaître sans explication.
Quant à Franco, ce qu’il croyait être le plus beau jour de sa vie marquera en réalité les prémices du fameux pire à venir.
Interdit, toxicité et immoralité seront les seuls cadeaux que Marlon aura à lui offrir. Dans ses entrailles, le démon gronde, résolu à souiller sa proie.
… En tomber amoureux, c’est interdit.
Avis :
C'était le dernier roman solo de Morgane Rugraff que je n'avais pas encore lu. Et, une fois encore, je ne peux que constater à quel point elle aime les personnages torturés et à quel point sa plume est sublime.
Un avertissement s'impose avant de se lancer dans ce roman : certaines scènes sont choquantes (à tel point que je n'ai pas pu les visualiser) et, même si beaucoup de choses annoncent l'expérience traumatique vécue par Marlon, il n'en demeure pas moins qu'en avoir la confirmation est dur à accepter. De ce traumatisme découlent d'autres scènes violentes qui expriment le mal être du personnage et sont très bien intégrées à sa psychologie borderline, décrites comme un exutoire, une façon de se sentir vivant tout en se punissant. J'avoue que les nombreuses scènes de sexe ne m'ont pas forcément emballée (ce n'est clairement pas ce que je préfère lire), d'autant plus que le vocabulaire est parfois bourré de testostérone, mais elles ne sont toutes relativement brèves et participent à la construction des personnages.
Ce préambule établi, je commencerai en disant qu'il est original et intéressant de voir une autrice féminine se glisser dans l'esprit non pas d'un mais de deux hommes. C'est rigolo car ce n'est pas la première fois qu'une autrice donne la parole à un personnage masculin? mais je l'ai particulièrement ressenti ici. Sachant que le récit a été relu par un homme, je suppose que la justesse des interactions peut être validée sans être considérée comme cliché et l'exercice est une réussite pour l'autrice.
Une fois n'est pas coutume, le texte de Morgane est addictif; elle alterne les chapitres du point de vue de ses deux héros : Franco et Marlon et, à plusieurs occasions, nous replonge dans le passé de Marlon.
Franco m'a impressionné par sa maturité et sa façon de penser. Eduqué par une mère célibataire cumulant deux boulots, il a de solides valeurs et n'oublie pas d'où il vient. Pourtant, on peut facilement se laisser séduire par le luxe et la facilité. Alors qu'il remet absolument tout en question, il arrive malgré tout à suivre ce que son cœur, ce que sa conscience lui dicte et Morgane décrit remarquablement bien à quel point cela est difficile pour lui et la culpabilité le ronge. J'ai aimé par dessus tout son meilleur pote et frère de cœur : Sacha, ainsi que la relation qui les unit. Sacha est d'un soutien inconditionnel et d'une grande ouverture d'esprit.
Marlon est aussi magnétique qu'autodestructeur. Il s'est construit sur une multitude de sentiments négatifs : honte, douleur, solitude… il se protège en permanence des autres et ne se laisse pas approcher facilement. Il voue une haine sans limite à sa famille et est prêt à se servir de Franco pour parvenir à ses fins. J'ai aimé le découvrir à travers ses tatouages : dessins encrés sur son corps et retraçant son histoire, son combat, sa rage de vaincre le démon qui l'habite. J'ai aimé la symbolique de chacun d'entre eux et particulièrement celle du coquelicot qui, même lorsqu'on le piétine, revient toujours, beauté éphémère.
C'est beau, triste, sombre, torturé, poétique et il y a, en filigrane, un espoir lumineux qui lutte face à l'obscurité. On a le cœur en miette en découvrant le petit Marlon, enfoui sous la rage et le désespoir de son alter ego de 24 ans; le petit Marlon conditionné par les mensonges des adultes, incapable d'aimer et de se laisser aimer. On est pris d'une irrésistible envie de violence lorsque les masques tombent et que la vérité éclate : pire encore ce qu'on avait pu entrevoir. Quel choc et quelle horreur d'entendre ces confessions assorties d'aucun repentir, pire, débitées avec froideur et assurance.
C'est l'histoire d'une homme qui croyait aimer. Et celle d'un autre qui pensait ne pas en être capable. C'est l'histoire de deux homme qui vont apprendre à inventer des mots dignes de leur histoire d'amour, qui vont dépasser leurs peurs pour espérer pouvoir bâtir un avenir à la hauteur de leurs sentiments : un coquelicot noir, un coquelicot rouge éclatant. Parce que le mariage c'est d'un banal pour prouver son amour.
Alors voilà, je ne ressors pas indemne de ma rencontre avec Marlon et Franco, ils m'ont hantée entre le moment où j'ai refermé Zombie boy et celui où j'écris ces mots. Et ils resteront sans doute encore quelques temps dans un coin de ma tête.
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