Never Forget
Auteur : Monica Murphy
Éditeur : Harlequin (08/03/2017)
458 pages
Résumé : Quand Ethan s'est lancé à la recherche de Katie, la fille qu'il a sauvée des griffes de son kidnappeur, huit ans plus tôt, il voulait simplement s'assurer qu'elle allait bien, qu'elle avait repris le contrôle de sa vie, qu'elle était heureuse, peut-être. Enfin, ça, c'est l'excuse qu'il s'est donnée, car, à la seconde où il a posé les yeux sur elle, il a su qu'il voulait plus. Beaucoup plus. Alors, il a fait tout ce qu'il s'était toujours interdit : il est entré dans sa vie, sous son nouveau nom, sa nouvelle identité. Et, chaque jour qui passe, il s'enfonce un peu plus dans le mensonge. Mais comment faire autrement, alors qu'il est le fils du monstre qui a changé sa vie à jamais ?
Avis :
En ce moment, j'enchaine les livres de la #RAREPARIS2019. Never forget est un roman qui m'intriguait par le sujet abordé et la controverse associée aux histoires d'amour jugées "hors normes" ou malsaines par certains, en premier lieu les familles des victimes.
Globalement, j'ai beaucoup aimé ma lecture et il me faut le second tome !
Le début n'a pas été sans me rappeler With you de Amheliie et Maryrhage, notamment le fait que le chemin de la fille et du garçon se sépare par la volonté des parents tout-puissants, qui contrôlent la vie de leur enfant mineur, et pense mieux savoir ce qui est bon pour lui. Pour le reste, on s'en éloigne et ici, Katie n'est retenue prisonnière que quelques jours et le procès du bourreau a déjà eu lieu.
On retrouve les thèmes que j'ai récemment rencontré dans Perdue et retrouvée: l'impact de la presse sur la vie des familles et la curiosité morbide du public pour ces "survivants". Katie, tout comme Laurel dans P&R, participe à une interview dans un show télévisé. J'ai trouvé de grosses similitudes entre les deux présentatrices, qui semblent avoir deux visages: celui d'une personne extrêmement gentille et attentive (la façon dont l'interviewée la perçoit) et celui d'un être froid et calculateur, qui ne cherche qu'à faire du sensationnel, quitte à blesser son invité (la façon dont nous, lecteur, la percevons).
Le récit se découpe en quatre temps, alternant les chapitres aléatoirement, entre une vision du passé (et de l'enlèvement) à travers les regards de Katie et Will, 7 et 8 plus tôt; et une vision du présent, avec les points de vue de Katherine et Ethan. On discerne ainsi très bien chez chacun d'entre eux, la volonté de couper avec le passé: à travers un changement de nom pour Will, et l'abandon de son diminutif par Katie. Pourtant, ils n'arrivent pas tout à fait à s'en détacher, déjà parce qu'ils pensent toujours l'un à l'autre, et surtout parce qu'ils sont obsédés par leur bourreau commun, le père de Will. Ethan tremble à l'idée de ressembler un jour à son père, et Katherine peine à continuer à avancer, coupée du monde, incapable de s'aimer et de penser pouvoir l'être. Cela est renforcé par le comportement de son propre père après son retour la maison. L'auteure met en évidence la difficulté à communiquer, le regard qui change, le sujet fait tabou qui ne sont pas forcément un bien pour l'enfant, au contraire.
Les deux personnages sont extrêmement attachants et l'affection qu'ils éprouvent l'un pour l'autre depuis leur enfance, alors qu'ils se sont croisés dans des circonstances dramatiques, est très émouvante. Le récit de Monica Murphy fonctionne bien, d'autant plus qu'en début de roman, elle explique les raisons pour lesquelles elle écrit sur ce sujet, ce qui lui donne une autre dimension. Il n'y a rien de choquant dans Never Forget, même si ce qui y est suggéré sur la captivité de Katie est révoltant. Il n'y a aucune description border-line, uniquement des allusions ou des sous-entendus.
Les sentiments des personnages sont très fouillés et leurs actions réfléchies (particulièrement celles de Will). Ainsi, l'auteure parvient toujours à nous faire comprendre pourquoi il cache son identité, quand bien même nous trouvons cela stupide ou inconscient. Dans tous les cas, c'est toujours son besoin de savoir Katie heureuse et en sécurité qui l'anime.
Never Forget c'est, un peu involontairement, un jeu de dupe qui se met en place: Ethan cache qu'il est Will et apprend à découvrir Katherine, tout en connaissant parfaitement son passé. Katherine, de son côté, n'a jamais oublié son ange gardien, celui qui l'a sauvée et avec qui elle a développé une profonde amitié malgré l'interdiction de ses parents, et qu'importe les rumeurs qui ont circulé à son sujet. C'est l'un des points qui m'a particulièrement hérissé le poil: le fait que Will soit pointé du doigt, accusé d'être le complice de son père alors que Katie, la principale concernée, clamait son innocence.
La méchanceté et la propension des gens à juger est parfaitement mise en avant ici. Le travail psychologique que fait Katherine pour avancer malgré tout est bien retranscrit; on comprend son besoin de se couper du monde et sa difficulté à accorder sa confiance.
C'était donc une très bonne lecture, qui se termine, vous vous en douterez, sur une révélation fracassante, et surtout une phrase qui nous fait craindre le pire pour la suite et nous donne envie de nous procurer ce second tome !
Commentaires