Notre part féroce - Sophie Pointurier
- Clem
- 31 août
- 4 min de lecture
Notre part féroce
Auteur : Sophie Pointurier
Editeur : Phébus (21/08/2025)
208 pages

Résumé :
« Cette histoire commence avec les loups et se termine avec les loups. Mais cette ligne de temps, cette suite d'événements mis bout à bout s'est révélée plus complexe à raconter que je ne le pensais, car tout est affaire de perception. Pour comprendre, il m'a fallu me défaire de mes repères et libérer ce que la vie m'avait sommée d'oublier. La première chose qui a surgi a été l'enfance que j'avais quittée à grand pas. Il n'y a rien de surprenant, je n'ai pas aimé cet endroit. Pourtant, l'enfance est revenue malgré moi. Avec elle, j'ai dû me confronter à l'étrangeté de ma mère pour démêler le faux du vrai de ce qui nous est arrivé. J'en ai fait un roman. Je sais aujourd'hui que rien ne sera plus comme avant. »
Odyssée de femmes, fable contemporaine, voyage palpitant au cœur d'une mélancolie familiale, roman sur les mythologies et la violence qui nous peuplent, Notre part féroce pose une question : jusqu'où peut-on aller pour réparer notre enfance ?

Avis :
Je ne vous cacherai pas que si j'ai décidé de lire Notre part féroce, c'est pour le nom de son autrice: j'ai beaucoup aimé Femme portant un fusil, découvert il y a deux ans, grâce au Comité de Lecture Cultura, et j'étais curieuse de lire à nouveau Sophie Pointurier. J'ai littéralement dévoré la première partie de Notre part féroce, captivée par l'écriture de l'autrice et cette narration très déconcertante qui m'a donné l'impression que c'était l'enfance de l'autrice, elle-même, que le roman abordait. La seconde partie, malgré la plume toujours agréable a été un peu plus difficile à appréhender.
Le personnage principal est une journaliste qui a choisi de traiter des sujets en lien avec l'environnement. Mais lorsqu'elle publie un article exprimant ses positions sur la réintroduction des loups en France, qu'elle participe à un débat avec un paysan qui tourne en déclaration de guerre, elle se retrouve reléguée sur des sujets moins "polémiques"; pour garantir sa propre sécurité et sauver la réputation du journal qui l'emploie. A travers son roman, l'autrice transmet énormément d'informations sur les loups et l'image de peur qu'ils renvoient. Elle cherche à déconstruire le côté négatif véhiculé par les contes ou les légendes populaires. Si ce super prédateur a été éradiqué des campagnes françaises au début du XXe siècle et que les hommes ont construit leurs habitudes sur sa disparition, sa réintroduction est problématique pour les éleveurs. Sophie Pointurier, à travers son personnage féminin qui, adolescente, a noué un lien particulier avec l'animal et développé une étrange fascination à son encontre, nous expose tout cela.
Personnellement, même si cet été j'ai plus d'une fois entendu parler des animaux tué par des loups, jusque dans mon département, je n'avais pas connaissance de l'entière complexité du "problème loup" en France. Les mots de l'autrice ont fait écho au discours de la guide/soigneuse qui nous a fait visiter le parc "Les loups du Gévaudan", alors que j'étais justement en train de lire Notre part féroce. La traque du loup est présente jusque dans un parc naturel clos (il y a notamment eu des empoisonnements). Je m'égare dans la rédaction de cet avis… je cherchais à faire comprendre à quel point le texte m'a profondément touchée et la coïncidence était aussi troublante que la fascination de la journaliste pour le loup.
Du loup, nous passons à la vie du personnage principal (que je ne nomme volontairement pas car son prénom n'est cité que tard dans le récit et j'ai trouvé que ça entretenait le flou autrice/narratrice). A son enfance, son adolescence, son lien compliqué avec sa mère, sa fille qu'elle a élevée seule et sa propre adolescence. Aux questions qu'elle se pose sur cette mère qu'elle pense dépressive, qui a, tout sa vie, pris des médicaments pour soigner ses différents maux. Aux blessures de l'enfance quand elle devait prendre soin d'elle même, sa mère restant alitée. A ce qu'elle n'a pas voulu reproduire avec sa fille. Sophie Pointurier dépeint des personnages vrais, aux relations compliquées, comme les nôtres peuvent parfois l'être. J'ai ressenti un profond attachement pour la journaliste et je l'ai suivi avec plaisir dans l'enquête qui lui a été confiée : une histoire de dame blanche.
Arrivée à ce point de ma lecture, j'ai senti un glissement vers le surnaturel. J'ai apprécié le voyage entrepris par le personnage principal en compagnie de sa fille, de sa mère et d'une voisine alcoolique. Ce voyage pour comprendre son sujet mais aussi sa mère, ce voyage pour essayer de pardonner, de réparer. Il y avait cette incertitude : surnaturel ou explication rationnelle ? La journaliste, elle, n'y croyait clairement pas. Pourtant, il y avait des faits déconcertants. Des évènements qui, mis bout à bout…
Comme je vous le disais, la seconde partie de ma lecture a été plus difficile appréhender. Malgré une lecture fluide, une envie de savoir, j'ai peu à peu décroché, attendant une issue que je savais que je ne trouverais pas. Je crois que mon esprit a du mal à mêler fantastique et réel… et le point de départ de ce roman m'avait tellement séduite que la bascule a été brutale.
Lecture en demi teinte donc mais les messages de l'autrice ont été entendus et sa plume est vraiment délicieuse.
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